Bayonne, AG UVTF, 8 et 9 décembre 2007


 2007 ou la découverte d’un vocabulaire nouveau: spéciste, anti spéciste,  disneylandisation….     et  l’obligation de se mettre à lire des ouvrages philosophiques  pour l’ANDA qui a découvert Francis WOLF*.  Premier ouvrage philosophique a aborder le thème et qui a répondu non seulement à tous les arguments anti-taurins mais qui a rappelé aux taurins  qu’il était essentiel que «  le Toro soit combattu et non pas abattu » si l’on voulait que tout cela ait un sens.  Et l’ouvrage tombait à point nommé car  2007 aura été l’année du débat taurins/anti taurins, débat,  exploité souvent,  récupéré parfois.

 Nous avons évité cette année de produire un dossier du type « statut juridique du toro de combat » car ça reste sans effet. En lieu et place onze remarques ou observations feront l’affaire.

  1.  Les Antis taurins ? ……….Ayatollahs : La lettre du 31 aout 2007 de Jean Grenet à Nicolas Sarkosy  est une démarche qui nous convient parfaitement et n’appelle pas de prises de positions spectaculaires supplémentaires. Ni plus ni moins. Evitons aussi les contre- manifestations , on ne sait pas les  faire surtout si elles sont mal organisées. Nous étions bien seuls à la première manif du genre organisée à Mont de Masan : aucun ténor de la lutte anti taurine, aucun membre de l’UVTF dans le cortège. Etaient venus les gens du quartier , deux de l’ANDA…..les rassemblements que constituent chaque féria sont à notre avis  bien plus efficaces.
  2. Encore une affaire de mineurs ……et nous pas comprendre . Toutes les férias proposent des spectacles gratuits aux plus jeunes ou des tarifs aménagés pour eux . Quel était le sens de la  proposition de l’UVTF en demandant à ce que les moins de seize ans soient accompagnés de leurs parents ? Avez-vous oublié que c’était si bon de partir aux arènes avec trois sous en poche et le  billet que vous avez filé tonton Maurice ?
  3. Moins de piques que de Toros ? …..vers un spectacle « humanisé » : Ce serait une première : une féria avec trente Toros, trente rencontres au cheval et vingt huit piques. Cela a eu lieu devinez où ? …chez nous !  C’est une demie surprise toutefois puisque se sont déjà données des courses où il y eut plus de trophées que de piques .  On a raison alors de se méfier de la « disneylandisation » de notre société qui s’installe dans les gradins : moins de toro, moins de piques, les bandérilles à la Jean-foutre, les épées d’effet rapide et les oreilles pour couronner le rien… Et si tout compte fait on le supprimait ce tercio qui semble tant déranger les professionnels, le grand public et les médias ? Quel matador ou quelle ville osera en premier ?
  4. Observatoire des Cultures Taurines ? …..un projet beau et ancien : Autrefois cela s’appelait  Fédération Française des Courses de Toros , il était mal vu d’en parler et le projet qualifié d’utopique était mis au placard autant de fois qu’il était évoqué. Regrouper les entités en un ensemble réactif et donc efficace chaque fois qu’une menace ou une question se pose à ce monde taurin : oui bien sûr, mais avec la même difficulté de mettre à l’unisson les tribus arabes  au temps de l’occupation britannique.
  5. Services d’ordre ? ……….Ayatollahs :  Les vigiles qui nous confisquent les bouchons des bouteilles d’eau sont  d’avantage supportables que les « placiers » de certaines arènes qui se croient autorisés à intervenir sur le comportement des spectateurs pour les « disneylandiser », ça pourrait mal finir….et ça n’incite pas à revenir.
  6. Médias ?…………..Ayatollahs : C’est la grande nouveauté 2007, quelques « journalistes » se croient autorisés par l’ambiance très raffinée du moment (ah ! ils le sont ?)  à insulter gravement la Présidence Technique qui n’est pas de leur goût et ça donne ceci à la Radio locale : « autoritarisme de petit cantonnier….autoritarisme de branlette….trois gugus ,trois minables…..imbéciles les trois…incompétents….ça se croit aficionado….on les jette à l’Adour ?…..etc » Et non ce n’est pas radio Londres,  on vous aide, ça c’est passé un 14 août à Dax.
  7. Nimes ? .............. no man’s land incontrôlable : La répétition des Pilar, la confirmation d’alternative, les Palha, les indultos qui participent à la disneylandisation… Nimes est devenue le cheval emballé de la tauromachie française.  L’ ANDA a perdu 800 euros sur la forme malgré la double expertise positive des Toros de Palha .Un panier circulera dans l’assemblée et nous savons pouvoir compter sur votre générosité. Merci.
  8. En parlant d’argent …..Revente sur internet ………pourquoi se gêner ? Nous avions lu que M. le Maire de DAX  se proposait de poursuivre les revendeurs…faute de pouvoir obtenir de Zapatero l’extradition d’  Ignacio  il est possible d’aller sur le site de  www.ebay.fr  pour trouver des contra barerras à 150 euros pour le mano à mano Le Juli / Castella .
  9.  Reparlons d’argent …….Le début de la décroissance ? ……..et si l’âge d’or s’essoufflait : Les penas bayonnaises ont été invitées à réfléchir à la question….nous en profitons pour réfléchir aussi… Hypothèse : si les gradins devaient se désemplir un peu, rien ne dit que ce serait de façon harmonieuse et équilibrée,  Dax et Vic plus typées dans leur tauromachie respective sont toujours dans l’embellie . Peut être que les effectifs  se concentrent mieux à ces endroits là…. Et que tout compte fait le clivage torista/torerista – qui peut paraître désuet- existe bel et bien.
  10.  Amélioration de la présentation des cornes sur les dernières années. Il semble qu’il y ait un consensus chez les aficionados pour reconnaître que si le caste se  fait de plus en plus rare, la présentation et la solidité des toros sont en progression  de manière générale sur les dernières années. Le nombre de certificats d’arreglado augmente aussi , comme quoi tout ne fout pas le camp….
  11.  Bayonne et Mont de Marsan : politique positive sur le premier tiers. Ca participe à la lutte contre la « disneylandisation » et en plus c’est éminemment taurin :  les délégués aux piques respectifs se sont concertés, les palcos et les publics ont été sensibilisés. Ce travail nous paraît indispensable et nous nous associerons à toute démarche allant dans ce sens. Sans véritable  tercio de piques la corrida de toros est un subterfuge. 
  « Cumple ano feliz l’ANDA » Voilà trente ans cette année que l’ANDA  vient répéter le même discours  qui vous paraîtra obsolète voire ridicule et qui vous fait sourire . Tant pis, nous n’allons pas en changer pour être dans l’air du temps . La tauromachie  porte des valeurs qui sont incompressibles à nos yeux .  En déséquilibrant,  au fil des années, la confrontation au profit de  l’homme,  la corrida finira par devenir injustifiable.   Notre civilisation aura alors  perdu  un repère important. 

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    *   Philosophie de la Corrida        éditions Fayard

Francis WOLF est directeur du département de philosophie de l’ Ecole Normale Supérieure.

Il n’est pas membre de l’ANDA  mais  il a  écrit :

« Toute l’éthique du combat de l’arène consiste à permettre à la bravoure du taureau de se manifester. »

« Un des spectacles les plus sublimes est celui d’un taureau arrêté loin du picador immobile, fixant la masse indistincte du cavalier monté sur son cheval protégé, et s’élançant à l’assaut de cette forteresse pour la renverser : le torero attentif à la bravoure de son adversaire la fera briller le plus possible en éloignant à chaque nouvel assaut le toro du cheval ».

« L’éthique animalière de la corrida consiste à permettre à la nature du taureau de s’exprimer. Doublement : dans sa vie, dans sa mort. »

« On ne peut voir vraiment, profondément, la corrida comme un art, qu’à condition de la voir en même temps comme un combat ».