24 novembre 2005.
OBJET : règlement taurin

Andalousie, réglementation et aficion

L’aficion a los toros n'ayant pas de frontières, les grandes et les petites arènes espagnoles font partie du parcours taurin annuel des aficionados français. L’Association Nationale des Aficionados (ANDA), la Fédération des Sociétés Taurines de France (FSTF) se permettent, pour la deuxième fois de l'histoire, de s'immiscer dans les décisions réglementaires de la mère patrie de la corrida. [Rappel : suite au congrès de Séville de 1967 et la proposition de Mr Maurice FIGERE de la FSTF, le guarismo, utilisé depuis longtemps en Camargue, a été adopté par le règlement taurin espagnol.]

La tauromachie est en danger en France comme en Espagne. Spectacle barbare d'un autre monde pour les uns, combat et art pour les autres, la corrida est menacée et la défendre nous est de plus en plus difficile. Le manque de force du toro, sa perte de sauvagerie, sa noblesse imbécile, l’apparentent trop facilement à un bovin ordinaire.

Le nouveau règlement taurin de la région d’Andalousie (qui sera imitée par d’autres régions) constitue une menace lourde sur plusieurs points. Même si une évolution du règlement taurin est nécessaire du fait des problèmes sanitaires, de la réglementation des transports, etc…, toucher aux fondamentaux de la lidia n'est certainement pas la solution.

1er tiers - suerte de vara
Le toro actuel, dans sa quasi-généralité, ne peut plus supporter le minimum de châtiments au premier tiers. C'est une constatation trop souvent vérifiée dans les arènes françaises et espagnoles. Est-ce une raison pour réduire le nombre de piques ou laisser le jugement de celle-ci au seul matador ? Les toreros, qui aujourd’hui ne font que rarement briller les toros au premier tiers, ne le feront bientôt plus du tout. Si le président perd ce pouvoir, la corrida de demain se fera sans picador. Aux vues des pseudo- tercios de varas qui se déroulent dans les arènes de deuxième et troisième, nous y sommes déjà presque arrivés.

Avec le règlement Andalou, en 20 ans, le premier tiers est passé de 3 piques obligatoires à un picotazo. Les ganaderos ne sont-ils plus capable d'élever des toros pouvant supporter 2 rencontres normales avec la cavalerie ?
Nous pensons qu'il est souhaitable d'obliger aux 2 rencontres quelle que soit la catégorie de l’arène, qu’il faut sortir le toro rapidement du cheval après la première pique, mais aussi éduquer novilleros et mundillo au bon déroulement et respect de la lidia.
« Le règlement donne une unique entrée au cheval en arène de deuxième et troisième catégorie, et deux en arène de première catégorie. Le plus fréquemment se produit le monopuyazo et en arène de première catégorie le plus gros du châtiment se fait au cours de la première pique. De cette façon il est difficile d'évaluer le comportement du toro face au cheval en plusieurs entrées répétées. La première pique est moins importante car le toro ne sait pas ce qu'il va affronter et pour évaluer sa bravoure il faut analyser sa réaction lorsqu'il revient au cheval bien mis en suerte et lorsqu'il sait ce qu'il va affronter » Julio Fernandez Sanz, revista de la UCTL n°24 año 2000

La France, qui a travaillé dans ce sens depuis plusieurs années, peut servir d'exemple. L'évolution dans le dressage des cavaleries, le poids du peto, la motivation des commissions taurines, des présidences y ont fortement contribué, (sans modifier le règlement sur le nombre de piques).

Le premier tiers peut être beau, s'il est bien mené, il doit rester un moment fort de la corrida car il est le seul moment d'expression de la réelle bravoure du toro. Ce n'est pas au règlement d'avaliser les mauvaises habitudes du mundillo mais à celui-ci de respecter la lettre et l'esprit du règlement.
Si le premier tiers devait réellement devenir une parodie de suerte de vara (ce a quoi le  règlement andalou veut tendre) et ne plus avoir l’importance d’antan, pourquoi ne pas supprimer un picador par cuadrilla et ainsi alléger les coûts du spectacles ?


Vuelta et indulto des toros
Les récompenses pour les toros étaient jusqu'alors les broncas, pitos, palmas vuelta, et de manière tout à fait exceptionnelle, l’indulto. Depuis 10 ans en Espagne et petit à petit en France, les indultos ont remplacé les vueltas al ruedo. Plus personne n'a d'échelle de valeurs dans l'attribution des récompenses ni aucun moyen de les justifier.
    
Notre proposition :
Ci-dessous la reproduction du texte pour le règlement taurin français, que nous allons proposer à nouveau, pour application dès la temporada 2006.

ARTICLE 83 (modifié) :
3 - le président, en concertation avec ses assesseurs, pourra ordonner, en sortant le mouchoir bleu, le tour de piste à la dépouille de la bête. Le toro devra avoir pris, avec bravoure, 3 piques au minimum (régaton non compris), 3 paires de banderilles et démontrer sa combativité jusqu’à la fin du dernier tiers.

ARTICLE 84 (modifié) :
1 - .....La grâce d’un toro restera à la décision du président et de ses assesseurs après l'accord de l'éleveur ou de son mayoral. Une présentation irréprochable, un âge de 4 ans minimum, 4 piques au minimum prises avec grande bravoure (régaton non compris), 3 paires de banderilles et une combativité exceptionnelle jusqu’à la fin du dernier tiers seront obligatoires pour une telle récompense.

D'autres points :
Pourquoi ne pas rendre obligatoire le recours à un corps de présidents et assesseurs formé à la corrida ? Une sorte d'école de présidence tout en gardant l'autorité policière.
Qui sera responsable en cas d'analyse positive d'afeïtado, de drogue ou autre ?Le ganadero qui a embarqué les toros ou l'empresa qui a logé les toros dans ses corrales et dans ses chiqueros jusqu’à leur sortie en piste ?
Pourquoi supprimer les banderilles noires ? L'honneur des ganaderos est-il à ce point sensible ?Pourtant lidier à longueur de temporada des toros invalides et décastés ne les empêchent pas de croire à leur respectabilité !
Nous terminerons tout de même sur une note très positive : la visite des vétérinaires au campo avant le reconocimiento. La saison 2005 a validé le test en grandeur nature et cette mesure doit être maintenue.

Conclusion :
Les modifications du règlement taurin andalou, vendues aux médias comme une révolution, vont quasiment toutes dans le sens des volontés des toreros et du mundillo. Ce projet de règlement est bon, nous dit-on, car il a été conçu par des professionnels. Qu'en pense l’aficion ? Elle reste exclue du débat et pourtant c'est elle qui finance en payant de plus en plus cher.
Rien n'est fait pour protéger le toro et ce qu'il doit représenter : sauvagerie, force et caste. Il en est de même des principes de la lidia pour lesquels les taurinos cherchent à minimiser le toro, tout aplanir, pour ne retenir que l’expression du torero et le nombre de ses passes. La drogue, le dopage, l'afeitado, les corridas au 33%, « l'anoblissement » à outrance du toro existent et rien n'a été tenté pour lutter contre ces fléaux.
« Ce texte me paraît donc dangereux, plus encore s'il sort d'Andalousie. Sous prétexte de modernité, il dénature totalement la corrida qui devient une caricature vidée de son sens tragique et de son rituel profond et hors du temps » Joël Bartolotti revue TOROS 07.2005

Avant de modifier le règlement, il est primordial d'appliquer celui qui est en vigueur. Nous nous y efforçons en France. La fiesta brava se nomme « corrida de toros », elle ne peut pas devenir une «corrida de toreros» sans être totalement dénaturée.

FSTF et ANDA.


FSTF : 3, allée de l’Orsule - Cantegrouille 40390 St-Martin-de-Seignanx www.ToroFSTF.com  FSTF@ToroFSTF.com
ANDA : 31, rue de la Redoute 30300 Beaucaire http://anda.aficionados.free.fr  anda.aficionados@free.fr