Jurisprudence ANDA Précisions sur la Jurisprudence Combien sont-ils? Koh Landa
Céret, 15 Juillet R comme Rayas Pamplona Soleil couchant

ÉDITORIAL

..Sed Lex !

Il y a déjà plus d'un an, l'ANDA avait appuyé 4 aficionados dans une démarche judiciaire à l'encontre de Simon Casas Production suite à l'expertise du Professeur Sautet sur les cornes artificiellement usées de toros de Palha sortis à Nîmes le 30 mai 2004 (voir l'assignation).

Après audience publique le 28 février 2007, le jugement a été rendu le 29 juin 2007 et vous pouvez consulter les minutes de celui-çi:
En clair et en résumé, on a perdu et on doit payer 800 euros à SCP.

Présenté de la sorte, rien de bien réjouissant. Mais l'aficionado est un indécrottable optimiste et ces 200 euros par tête ne représentent finalement que le budget de 4 ou 5 courses à Nîmes (en places numérotées).. Et les efforts conjoints de SCP et de la dévouée commission taurine extra-municipale locale nous ont fait éviter de si nombreuses fois la taquilla de la rue de la Violette que l'amende a déjà été remboursée d'avance ces dernières temporadas.

Dommage tout de même que le Juge de Proximité se soit arrêté à la forme (l'expertise du Professeur Sautet n'est pas contradictoire "et pi c'est tout") en éludant le débat de fond (l'organisateur a un cahier des charges qui implique le respect du réglement taurin municipal qui explicite la non manipulation des cornes, est-il responsable de ce qu'il propose à ses clients ou non?). Et sans tenir compte du 'nettoyage' d'une des cornes avec un outil tranchant, admis et décrit comme habituel par les vétérinaires nommés par Palha. Vraiment dommage.

Après cette affaire Palha, la ville de Nîmes a fait expertiser les cornes de la temporada 2006 par ce même professeur Sautet, a reprogrammé en 2007 un élevage épinglé par ces analyses et les arènes se sont remplies comme dans le meilleur des mondes. Tant que le public se moquera de l'intégrité du toro et viendra en masse voir des kilomètres de derechazos et couper des seaux d'oreilles, les marchands du temple l'auront belle. Mais attention à ne pas trop tirer sur la corde, l'afeitado assumé, les poids fantaisistes, les toros de corridas qui pourraient sortir en novilladas, les Présidences qui tiennent du chauffeur de salle... ne plaident pas en faveur de la tauromachie face à l'adversité des antis ou à la rigueur des lois sanitaires.

"Jusque içi, tout va bien" se félicite un mundillo en chute libre.

Marc GÉRISE.

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LA JURISPRUDENCE ANDA

Laurent Giner, président de l'ANDA, qui s'y entend pour faire parler de lui, vient avec trois de ses amis de se faire débouter dans un dossier qui semblait pourtant imperdable...

Rappelons les faits : au motif qu'ils prétendaient avoir acheté des places pour la corrida du 30 mai 2004, au cours de laquelle avaient été lidiés des toros de PALHA jugés a posteriori afeités (usure artificielle des cornes est le terme exact) par les analyses menées conformément au règlement de l'UVTF par le professeur Sautet, Monsieur Giner et ses amis demandaient à la société Simon Casas Production le remboursement de leurs billets d'entrées et des dommages intérêts pour tromperie sur la marchandise.

Chacun aura compris qu'un important problème de fond était posé aux organisateurs puisque, si la Justice faisait droit aux demandeurs, chaque fois que des analyses jugeraient positives les recherches d'usure artificielle, l'ensemble des spectateurs de la corrida concernée pourrait demander à être remboursé. On imagine d'ici la ruine !

Par jugement du 29 juin 2007 le Juge de Proximité, statuant en dernier ressort, n'a pas suivi les demandeurs au motif principal que la procédure suivie par le professeur Sautet pour les analyses n'est pas recevable car n'étant pas contradictoire, et qu'elle ne présente donc aucune "crédibilité objective et opposable". Ce que, entre parenthèses, les ganaderos espagnols affirment depuis des années, tout en acceptant bon an mal an les décisions unilatérales de l'UVTF sur le sujet. Pour faire bonne mesure, le juge a condamné les demandeurs aux dépens, ainsi qu'à payer conjointement et solidairement à Simon Casas Production la somme de 800 euros de dommages.

Autrement dit, le système - certes imparfait - mis au point depuis des années par l'UVTF pour faire pression sur les ganaderos vient de s'effondrer et il lui appartient désormais d'en construire un autre, en concertation avec ces derniers... les analyses diligentées par l'UVTF selon la procédure en vigueur et menées à bien par le professeur Sautet étant pour la justice irrecevables en tant que preuve. Grâce à Laurent Giner et à l'ANDA, chacun le sait désormais et les conséquences pour l'afición sont terribles : tant qu'une nouvelle procédure contradictoire ne sera pas adoptée (et cela prendra du temps), afeiter est possible puisque la preuve ne peut en être juridiquement apportée.

Les conséquences pour l'ANDA de cette jurisprudence de triste mémoire, à laquelle son nom mérite de rester attaché, ne sont pas anodines non plus : lorsqu'elle dressera comme chaque année la liste noire de ses récompenses, elle-même sera passible de poursuites en diffamation et en demande de dommages-intérêts si elle attribue son égoïne d'or, sa râpe d'argent et sa lime de bronze sans apporter la preuve de l'afeitado qu'elle dénonce par ce biais...

C'est ce que l'on appelle se tirer une balle dans le pied.

André VIARD.
sur www.terrestaurines.com

PS. Suite à cet édito, il n'est pas impossible que j'entre à mon tour dans le palmarès de l'ANDA... Comme collabo, peut-être ?

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PRÉCISIONS

La seule jurisprudence que notre action est susceptible d’établir est que le remboursement de billets de corrida ne peut se baser sur une analyse de cornes qui ne soit pas inscrite dans les règles édictées par l’article 263 du nouveau Code de procédure civile. Cela ne dédouane pas les villes membres de l’UVTF de respecter leur règlement ou les décisions prises en AG. La discipline librement consentie reste valable et personne ne peut obliger une municipalité à acheter un lot de toros contre son gré.

Le problème avec la ville de Nîmes fut que la seule sanction possible, après la programmation des PALHA en 2006 (après un lot positif en 2004 et un sursis en 2005), a été une simple exclusion de l’association UVTF. La belle affaire.

Par chance, João Folque de Mendonça ayant demandé contre-expertise, nous nous sommes retrouvés pour la première fois en présence de conclusions d’un vétérinaire faisant autorité (le professeur SAUTET) qui explicitait dans son rapport : « l’usure est artificielle », ce qui n’était pas le cas dans les rapports de l’AFVT se contentant de pointer les « manques de substance ». Ce précédent était pour nous une occasion à saisir et l’action auprès du Tribunal de Proximité s’est imposée comme étant la plus opportune. André Viard devait visiblement partager notre sentiment pour qualifier (après coup, certes) ce dossier d’imperdable.

Il se trouve que nous avons été déboutés pour des raisons de forme, mais cette décision de justice éclaire le dossier et contribue à faire avancer la lutte contre l’afeitado. Il n’est pas plus permis aujourd’hui qu’hier d’afeiter et on pourra toujours décerner le « moignon d’or » ou le « pinceau d’argent » si bon nous semble. Nous nous piquons même de croire que l’ANDA n’est pas pour rien dans l’évolution de la perception de l’afeitado en France où nous sommes passés successivement par les états suivants :

-   « L’afeitado est un fantasme, vous en voyez partout »

-   « On analyse systématiquement en place ‘de première’ et, miracle, plus de 30 % des cornes sont touchées »

-   « L’article 263 du NCPC doit être respecté si on veut poursuivre efficacement les fraudeurs »

Quant à l’inclusion d’André Viard à notre palmarès, il nous sera plus facile de lui faire ce plaisir quand il choisira entre les plumes de corbeau et d’aigle qu’il alterne avec schizophrénie.

Marc GÉRISE.

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Mais combien sont-ils à l’ANDA?

Pas beaucoup. On ne le répètera jamais assez. Ce n’en est que plus grand. Quatre aficionados ont fait beaucoup plus que la centaine de Clubs Taurins de la Ville de Nîmes et que leur représentation : la Commission taurine. Le vrai scandale est là : la résignation, la couardise de tous ces aficionados qui ont humilié devant Casas et ses sbires. Un test à l’échelle.

L’autre scandale est le jeu très malsain auquel se livre André VIARD depuis des années et pour lequel un Opus ne suffirait pas. VIARD qui se pose en leader de l’afición française et qui sera le grand mystificateur des années à venir, soufflant le chaud et le froid au gré de ses besoins tactiques, capable de développer tout et son contraire et ainsi prouver qu’il avait tout prédit et tout prévu en une illumination géniale.

Quant aux règles de procédure d’expertise, cela relève exclusivement de l’UVTF. Or l’UVTF c’est la Sagrada Familia sans Gaudi.

L’ANDA a perdu sur la forme. Soit. Les faits sont inchangés sur le fond : toros reconnus afeités lors d’une double expertise et élevage de PALHA reprogrammé dans cette ville malgré le veto de l’UVTF. Qui sont les méchants ? Ceux qui afeitent ? Ceux qui se taisent ? Les opportunistes ? L’ ANDA ? L’ANDA bien sûr !!! Chuchote la pensée malicieuse à l’oreille paresseuse. Deux mondes taurins aujourd’hui coexistent encore à peine, ça pourrait ne pas durer.

Aficionados,  je vous souhaite de n’avoir pas à choisir entre VIARD et CASAS, mais vous aurez les deux en plus de quelques autres.

Mario TISNÉ.

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"KOH-LANDA..."

Vous savez, cela ressemble à cette émission de télé-réalité dans laquelle des anonymes de la vie quotidienne vont se coller des frissons dans une soi-disant aventure sur une île déserte truffée de caméras. Ils subissent des épreuves de cour d’école et doivent surtout, c’est le principe fondamental, éliminer les plus faibles d’entre eux ou les plus gênants, c’est selon. Les idéaux de solidarité et d’entraide y sont sans cesse mis en exergue par un présentateur au charisme de moule anémique mais au final, c’est l’individualisme le plus bas qui s’affiche sous les cocotiers.

On a beau être au loin du monde moderne, il nous rattrape partout malgré tout. En février, au jour d’une novillada anodine de PALLA dans un petit village des Landes, il fallait faire preuve d’unité face à la menace de ceux qui ne nous aiment pas, il fallait se serrer les coudes et faire corps face à ce visage anonyme et indéfini de la cause anti-taurine. Tout le monde était convié et tout le monde devait signer cet appel « universel » de la défense de nos « traditions ». Et tout le monde (ou presque) a suivi, a signé, a soutenu. « On ne pouvait pas faire autrement », disaient certains.

C’était le début du jeu, les équipes se formaient et étaient obligées de s’entraider si elles voulaient vaincre leur adversaire dans les épreuves de cour d’école. Pour manger des vers de terre ou des araignées poilues, il faut être solidaires ! Les mois ont passé, l’appel a eu moins d’écho et chacun s’est installé à sa manière sur cette île déserte. Face au meneur de l’équipe, celui qui avait prôné l’unité et le rassemblement face à l’adversité, des voix se sont levées, discrètement en pointant du doigt certaines manies comme celle de tirer la couverture à soi et de « s’y entendre pour faire parler de lui ». Vous l’imaginez, ça n’a pas plu au meneur de l’équipe. Loin de là même ! La vengeance, petite et fort mesquine, ne s’est pas faite attendre.

Loin des idéaux affichés dans la profession de foi de l’appel de février, le meneur de l’équipe s’en est pris à certains qui avaient eu le tort de perdre un procès face à l’organisateur de spectacles de la première ville taurine du Cosmos. Balaise la mauvaise foi ! Maintenant que chacun joue pour gagner sur ce bout de sable, le meneur de l’équipe n’a pas hésité, au cours de la séance d’élimination au coin du feu, à voter pour l’élimination de certains qui l’avaient soutenu quelque temps auparavant. C’et le jeu, me direz-vous.

En ce qui concerne le procès précédemment cité, n’étant pas un spécialiste des labyrinthes juridiques, je me garderais de donner un avis même si l’impression qui ressort de cette affaire est qu’un organisateur de spectacles taurins et un éleveur ne s’en sortent pas trop mal, voire même très bien. Quand on pense que ce même éleveur a nié être le ganadero d’un toro très suspect lidié à Aire en 2005 lors d’une conférence sur l’éthique taurine à Madrid…Edifiant !

Ils ont perdu leur procès et certains semblent s’en réjouir et s’ingénient à mettre de l’huile sur le feu par rancœur personnelle. La perte de ce procès devrait plutôt inquiéter une afición qui ne peut pas ou plus se défendre face aux abus de l’afeitado. Qu’y a-t-il à reprocher à quatre membres de l’équipe qui ont tenté de confondre des pratiques frauduleuses qui vont à l’encontre des aficionados d’une part et qui, surtout, mettent en péril l’intégrité du toro brave ? Je me pose franchement la question.

Au-delà des résultats décevants de ce procès, il est une question que je ne me pose plus, c’est celle de l’unité de la soi-disant afición. Elle n’existe pas et n’existera certainement jamais, malgré les conjoncturels appels à une union derrière un meneur qui n’accepte pas la remise en cause de ses opinions. Appeler à s’unir en février et dézinguer à tout va en juillet, en réglant des comptes d’amour propre, ça ressemble définitivement à ce jeu télévisé dans lequel la solidarité s’arrête au moment de partager la couleuvre à manger…

Laurent LARRIEU.

sur www.camposyruedos.com

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LEXIQUE DE L’ANDA :

R comme « RAYAS »

Les deux raies concentriques dessinées sur le sable de l’arène sont destinées à réglementer la position du picador, de façon à laisser toutes ses chances au taureau.

Le principe de tracer une raie parallèle à la barrière a été mis en pratique pour la première fois le 11 Octobre 1908 en la Real Maestranza de Séville. Une deuxième raie plus interne a été adjointe le11 Avril 1959, à l’initiative de Domingo ORTEGA.

A l’époque où une seule ligne existait, l’esprit était d’obliger le picador à se positionner au contact de cette ligne et à se décoller ainsi de la barrière, afin qu’il ne puisse y prendre appui.

Le règlement taurin prévoit que la première raie soit tracée à 7 mètres de la barrière, la seconde à 9 mètres, ce qui laisse au taureau une distance de 2 mètres pour prendre son élan et, sous la poussée (hélas éventuelle, mais espérée) du fauve, le groupe équestre pourra reculer de 7 mètres avant de toucher la talanquera.

Ces lignes concentriques, certes esthétiques, ont quelque chose d’illogique, en ce sens que toute la circonférence du ruedo ne sera pas utilisée puisque, pour que sa bravoure puisse être appréciée, le taureau doit être piqué à distance du toril, loin de sa querencia naturelle. Le tracé de la corrida-concours (3 lignes parallèles dessinées à l’opposé du toril, de façon à placer le taureau de plus en plus loin du cheval, pique après pique) est plus satisfaisant, et on peut se demander pourquoi un tel tracé n’est pas adopté pour toutes les corridas. Ce serait un moyen de revaloriser le premier tercio, mais n’est-ce pas utopique au moment où la mono-pique entre inexorablement dans les mœurs ?

Le « néo-public », semi averti, prend un malin plaisir à siffler le picador dès que le sabot de sa monture mord tant soit peu sur la ligne. Il ferait mieux de s’insurger contre les dérives maffieuses qui gangrènent beaucoup plus gravement la suerte de varas :piques traseras, dans l’épaule, dans les côtes, vrillées, replacées pendant que le taureau s’épuise contre le peto, cariocas et j’en passe…

Rappelons au bon peuple que les sacro-saintes raies peuvent être franchies, dès lors qu’il faut aller chercher un manso perdido qui refuse et fuit tout châtiment. La lidia particulière (et passionnante) des mansos débute dès cet instant. Une ou deux piques « volées » valent toujours mieux que les exceptionnelles « veuves », les banderilles noires.

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15 juillet, CÉRET. Le vent ne découvre pas que les corps

…il dévoile aussi les âmes. Et ouvre la boite de Pandorre.

La cogida d’ESPLA par le premier VALVERDE fut impressionnante. Une inquiétude justifiée a étreint les spectateurs, d’autant plus que Luis Francisco fait partie ici, si ce n’est des meubles, du moins de la famille, la plupart le percevant comme un ami, un frère, ou un père pour les plus jeunes. Mais les dérapages qui ont suivi sont-ils compréhensibles et excusables ?

Blessure et sang froid (sans jeu de mots malvenu) : La possibilité et même la probabilité d’une blessure, éventuellement gravissime, font partie de l’essence de la corrida et sont - c’est rude de le penser et encore plus difficile de l’écrire- la justification de ce spectacle tant contesté. Sans avoir à remonter toute l’histoire de la Fiesta Brava, nous avons vu emporter du ruedo arlésien NIMEÑO II inconscient et tétraplégique, ROBLES à Béziers frappé d’une lésion quasi-identique ; nous avons vu le picador MUÑOZ mourir écrasé par son cheval à Vic. Luis Francisco ESPLA nous a rappelé, s’il le fallait, que le plus expérimenté, le plus listo des toreros est toujours en danger potentiel.

Faut-il pour autant interrompre une course pendant près d’une heure ? En attendant que le corps sanitaire se prononce sur la gravité des blessures ? Est-il opportun de laisser planer l’angoisse et provoquer quelques évanouissements sur les gradins ? Etait-il bienvenu qu’un « catéchiste », apparemment membre de l’ADAC, vienne apostropher du callejón un spectateur en barrera manifestant sa juste impatience devant une telle désorganisation, et se permettre de lui faire la morale ?

Droit de grève : Est-il tolérable qu’après la blessure d’un collègue ses compagnons de cartel plient bagage (au sens propre du terme), et n’acceptent de reprendre le combat qu’après un long bras de fer? Un bruit a couru selon lequel SANCHEZ VARA était prêt à tuer les cinq toros restants, mais sans doute aurait-il eu par la suite des ennuis avec le mundillo.

Dès lors pourquoi prévoir un sobresaliente, lors des mano a mano ou des « seul contre six », si ce n’est pour mener le spectacle à son terme en cas de défaillance physique de l’espada titulaire ? En Espagne un maestro qui refuse de tuer son toro n’est-il pas susceptible d’aller en prison ? Cet incident cérétan survient au moment où nos législateurs envisagent d’introduire un service minimum dans les transports ; nous pourrions leur suggérer d’étendre l’obligation aux activités tauromachiques !

Météo et mea culpa : Il soufflait ce jour-là. Mais pas plus que la veille pour les CHARRO de LLEN, pas moins difficiles que les VALVERDE, et guère plus que le matin même où personne ne s’est offusqué de voir trois jeunes novilleros devant des ZABALLOS au trapío imposant et vifs comme des chats. Souviens-toi (Barbara), il pleuvait sur Vic pour la Pentecôte. Dans un vrai marécage, de valeureux diestros, certes novilleros, n’ont pas renoncé à banderiller malgré des appuis pour le moins incertains.

L’annonce contrite des organisateurs cérétans d’avoir programmé des VALVERDE un jour de vent avait un côté burlesque : n’aurons-nous droit désormais qu’à des dérivés de DOMECQ aseptisés dans la calmasse ? Les alésiens de la grande époque, celle des VALVERDE précisément, avaient moins de scrupules. Et puis le « Cyclone de Jerez », avec un tel apodo, devrait être habitué au vent !

La seule oreille de la feria : Elle a été coupée justement par le Cyclone. Mais sur un toro à la corne droite fracturée et branlante à la suite d’une ébauche de vuelta de campana. Bien sûr, il n’est pas exigible de remplacer l’animal après un tel incident de lidia, mais tout de même… Faut-il que le public de Céret soit devenu « gentil ». Je n’ai pas noté si l’appendice a été symboliquement tranché du côté de la seule corne valide ! C’est ce même public qui ovationna la veille un picador pour avoir « châtier » un CHARRO de LLEN par trois piqûres intradermiques, mais qui par contre a omis de faire saluer le majoral des excellents ZABALLOS.

Amis de l’ADAC, attention. Ne recrutez pas trop sur les plages. Le Ventous n’est pas loin de la Méditerranée, comme le Capitole était proche de la Roche Tarpéîenne. Que Céret ne devienne pas un Palavas bis. Déjà un point commun : il souffle souvent à Palavas-les-Flots.

Robert RÉGAL.

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De l’encierro à l’encierrillo (ceci est une fiction)

Du 7 au 14 Pampelune permet de vivre à l’envers un désordre logique qui correspond à des rythmes incohérents,  mais on finit par se caler dans ce pittoresque inconfort.

Vous cherchez San Fermin ? Vous le trouverez  dans l’Eglise San Lorenzo. Vous cherchez un menu du jour à 15 euros ? Prenez la direction du 8ème étage du Corte Inglès. Après les churros de neuf heures et l’almuerzo de dix heures, ne manquez pas la digestion devant les vierges polychromes de la cathédrale et les pleureuses du tombeau de Carlos III  et son épouse.

Indisposé par l’odeur aigre et persistante de vomi et de pipi, il est alors possible de s’intégrer à la traditionnelle procession des camions laveurs et de faire le passe-rue en suivant l’odeur du désinfectant dont on douche les trottoirs.

Sachez qu’il existe des quartiers peu fréquentés qui participent à la fête et où l’on peut, à condition d’aimer la marche, déjeuner ou dîner ou goûter ou souper en dehors du bordel de rigueur, tout en parlant sans crier avec des gens charmants et ce à des prix compréhensifs. Posez-vous. Faites alors tranquillou le tour des bleus, ecchymoses, croûtes et autres plaies purulentes que vous a laissés l’encierro qui, pour vous, a duré 4m50.

A cette heure-là en général vous êtes en quête de toilettes convenables et reposantes où vous pourrez satisfaire de légitimes exigences sans tartiner au sol le bout de votre ceinture rouge qui en a vu d’autres. Avec de l’expérience, un tel endroit se trouve et vous en profiterez pour jeter un coup d’œil dans la glace pour vérifier que vous avez pris dix ans en une nuit. Assis sur la cuvette, il faut se laisser aller à la rêverie, en tenant compte toutefois du grand universitaire blond en short qui hurle en goth de l’autre côté de la porte qu’il vous faut vous hâter.

Le charme de ce voyage veut qu’il faille à un moment où un autre discutailler avec les revendeurs d’ « entradas muy buenas » en évitant de se friter avec le peuple gitan et le quart monde. Comme vous parlez mal manouche, vous avez acheté un tendido soleil.

Il est midi et je pose la question : apartado o no ? Nul ne peut décider pour vous de cette intime question. Mais si vous êtes aficionado viscéral, si vous aimez glander une heure au soleil dans le brouhaha en boulottant un bocadillo de chistorras chaudes et grasses et un verre de fino qui vont vous vriller le système nerveux central ….allez-y, faites-le.

Le déjeuner : des callos (tripes à la mode de Caen) avec des patates, c’est rafraîchissant et roboratif, le dessert : « hay flan, cuajada, arroz con leche, nata, helados y frutas », et ce pour des siècles et des siècles. Aux arènes il y aura « hay cerveza, coca cola, fanta lemon », et ce depuis la nuit des temps et des temps.

Pour la digestion de l’après midi (donc la troisième) et pour éviter de rester lucide et éveillé, ils ont inventé une émulsion, le « sorbete al cava » qui finira de vous anesthésier le système nerveux périphérique jusqu’à l’heure de la course.

Comme chacun sait, l’heure d’une nécessaire collation intervient au quatrième toro. Vous êtes crucifié au soleil depuis deux heures entre deux grosses caisses et cinq fanfares, et c’est le moment de faire une pause gastronomique avec une omelette à la pipérade et au jambon, un flacon de Rosé à peine décongelé mais acide comme il faut et des mantecados à la graisse de porc parfumés à la cannelle, qui provoquera dans votre intestin un dysfonctionnement très connu. Vous attaquez très soudainement votre quatrième digestion qui correspond à la cinquième dimension dans la vraie vie.

Supposons que dans un moment d’inspiration vous ayez accepté de fumer un cigare alors que vous n’êtes pas fumeur….la course est terminée pour vous. Essayez de perdre connaissance sans vous pisser dessus car seules les Forces Spéciales peuvent vous extraire du sixième rang d’un tendido soleil un 7 juillet.

Si l’instinct de survie ne vous a pas conduit à votre véhicule ou à votre pension de famille, vous allez être réveillé par les employés de la ville qui passent le nettoyeur haute pression dans les gradins et vous ne pèserez pas plus lourd qu’un gobelet vide et on récupèrera votre corps à la station d’épuration avec le reste.

Mais 25 années de dévotion à San Fermin ont endurci votre corps, et votre mental est à la hauteur de l’évènement. Il faut retrouver vos copains camarguais qui se sont perdus à la sortie des arènes mais que vous finirez par retrouver dans trois jours à la fourrière en train de se passer de la Biafine sur le pif en attendant de récupérer le véhicule.

Dés que les peñas vous ont relâché, vers 22h30, il vous faut choisir :

-              le feu d’artifice à la Citadelle prise d’assaut par les familles qui pique-niquent, et vous ferez votre avant-dernier vrai repas de la journée sous un déluge de feu qui vous laissera des acouphènes grands comme ça.

-              l’encierrillo : c’est l’art de rester caché sur les remparts sans tomber pendant une heure et demie pour entr’apercevoir six toros et des bœufs poursuivis par des gens qui franchissent un rivière pour aller dormir dans un petit pré fermé.

Il est l’heure d’aller dîner ou souper, c’est selon. En fait là- bas on soupe avant le lever du jour avec un « caldico » qui est comme un potage qui arrache la peau du palais.

Vous aimiez le cochonillo ?

Prochain épisode : de l’encierrillo à l’encierro.

El UBANO.

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Impressions, Soleil couchant.

Le bilan de la première partie de temporada n’est pas particulièrement brillant : les ferias d’Arles, Nîmes, Vic, Madrid…ont été très mauvaises, malgré le triomphalisme de certains (qui se reconnaîtront). Faiblesse, cornes douteuses, absence de caste, noblesse confinant à la stupidité, telles sont les caractéristiques actuelles de ce qu’une époque révolue avait baptisé « toro de combat ».

En cette période d’égalitarisme galopant, de progrès fébriles de la vulgarité, comment s’étonner de l’agonie de la corrida ? Combien de temps encore le cadavre de la tauromachie se décomposera-t-il dans les arènes ? L’auteur de ces lignes exècre la vulgarisation de tous les sujets qui amène les gens à croire qu’ils peuvent comprendre ce qu’ils ne peuvent pas comprendre. Les cerveaux moutonniers jubilent et s’extasient au triste spectacle que leur offre le mundillo. Le philosophe espagnol Ortega y Gasset écrivait : « la caractéristique de l’époque c’est que l’homme vulgaire,  tout en se sachant vulgaire, ose affirmer le droit à la vulgarité et l’impose partout. »

La corrida relève de la  culture, la culture étant l’art du jugement intellectuel et artistique, précisément entre le meilleur et le moins bon. Cette disparition de la faculté de jugement conduit les publics à se régaler de tout et à admirer n’importe qui. « C’est n’admirer rien qu’admirer tout le monde », disait Baltasar Gracian.

Plus de lidia, plus de piques (certains ratiocinent sur le thème de la disparition du tercio de piques en traitant l’ANDA de vi(and)ard à cause de notre passion pour le premier tiers ) et une prolifération cancéreuse de passes inutiles. Tel est le spectacle proposé. Pour paraphraser l’écrivain Joseph Roth, quand on commence à organiser avec des toros sans valeur des corridas qui donnent l’illusion d’en avoir une, où va-t-on ?

Qu’y a-t-il de plus beau qu’un fier toro condamné à mort  qui, dans l’arène, cherche de ses cornes « ce fruit captif qui se promet sans cesse, si proche, et tout proche se dérobe…avant de mourir de bonheur…et de témoigner, en mourant, du dédain de vivre encore, qui est le goût de la perfection » (Nicolas Grimaldi) ? Ainsi la corrida a un sens, même si cela peut faire hurler tous les sectateurs de Notre Dame de la Larme à l’œil (c’était le surnom donné à Séverine, grande défenseur des animaux dans la première partie du XX° siècle). La beauté naît de la combativité du toro condamné à mort. Mais une frange des spectateurs a développé une « surestimation esthétisante du détail, du beau moment isolé aux dépens de la totalité plus brutale et plus efficace du combat » (Robert Musil). Vous connaissez tous les conséquences: perte de la  caste, débilité accrue du bétail et incommensurable ennui! Souvent je me récite ce vers de Racine: « Soleil je te viens voir pour la dernière fois » en remplaçant  Soleil par Corrida.

Gilbert GUYONNET.

P.S. : je recommande la lecture de « Philosophie de la corrida »  de Francis Wolff (éditions Fayard)

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