Jurisprudence ANDA
Précisions sur la Jurisprudence
Combien sont-ils?
Koh Landa
Céret, 15 Juillet
R comme Rayas
Pamplona
Soleil couchant
..Sed Lex !
Marc GÉRISE.
Laurent Giner,
président de l'ANDA,
qui s'y entend pour faire parler de lui, vient avec trois de ses amis
de se faire débouter dans un dossier qui semblait pourtant
imperdable...
Rappelons les faits : au motif
qu'ils prétendaient avoir acheté des places pour
la corrida du 30 mai 2004, au cours de laquelle avaient
été lidiés des toros
de PALHA jugés a posteriori afeités (usure
artificielle des cornes est le terme exact) par les analyses
menées conformément au règlement de l'UVTF par le professeur Sautet,
Monsieur Giner et ses
amis demandaient à la société Simon
Casas Production le remboursement de leurs billets d'entrées
et des dommages intérêts pour tromperie sur la
marchandise.
Chacun aura compris qu'un important
problème de fond était posé aux
organisateurs puisque, si
Par jugement du 29 juin 2007 le Juge
de Proximité, statuant en dernier ressort, n'a pas suivi les
demandeurs au motif principal que la procédure suivie par le
professeur Sautet pour les analyses n'est pas recevable car
n'étant pas contradictoire, et qu'elle ne
présente donc aucune "crédibilité
objective et opposable". Ce que, entre parenthèses, les ganaderos espagnols affirment depuis des
années, tout en acceptant bon an mal an les
décisions unilatérales de l'UVTF sur le sujet. Pour faire
bonne mesure, le juge a condamné les demandeurs aux
dépens, ainsi qu'à payer conjointement et
solidairement à Simon Casas Production la somme de 800 euros
de dommages.
Autrement dit, le système
- certes imparfait - mis au point depuis des années par l'UVTF pour faire pression sur les
ganaderos vient de s'effondrer et il
lui appartient désormais d'en construire un autre, en
concertation avec ces derniers... les analyses diligentées
par l'UVTF selon la
procédure en vigueur et menées à bien
par le professeur Sautet étant pour la justice irrecevables
en tant que preuve. Grâce à Laurent Giner et à l'ANDA, chacun le sait
désormais et les conséquences pour l'afición
sont terribles : tant qu'une nouvelle procédure
contradictoire ne sera pas adoptée (et cela prendra du
temps), afeiter
est possible puisque la preuve ne peut en être juridiquement
apportée.
Les conséquences pour l'ANDA de cette jurisprudence de
triste mémoire, à laquelle son nom
mérite de rester attaché, ne sont pas anodines
non plus : lorsqu'elle dressera comme chaque année la liste
noire de ses récompenses, elle-même sera passible
de poursuites en diffamation et en demande de dommages-intérêts
si elle attribue son égoïne d'or, sa râpe
d'argent et sa lime de bronze sans apporter la preuve de l'afeitado
qu'elle dénonce par ce biais...
C'est ce que l'on appelle se tirer
une balle dans le pied.
André VIARD.
sur www.terrestaurines.com
PS. Suite à cet édito, il n'est pas impossible que j'entre à mon tour dans le palmarès de l'ANDA... Comme collabo, peut-être ?
La seule jurisprudence que notre
action est susceptible d’établir est que le
remboursement de billets de corrida ne peut se baser sur une analyse de
cornes qui ne soit pas inscrite dans les règles
édictées par l’article 263 du nouveau
Code de procédure civile. Cela ne dédouane pas
les villes membres de l’UVTF
de respecter leur règlement ou les décisions
prises en AG. La discipline librement consentie reste valable et
personne ne peut obliger une municipalité à
acheter un lot de toros
contre son gré.
Le problème avec la ville
de Nîmes fut que la seule sanction possible, après
la programmation des PALHA en 2006 (après un lot positif en
2004 et un sursis en 2005), a été une simple
exclusion de l’association UVTF. La belle affaire.
Par chance, João
Folque de Mendonça ayant
demandé contre-expertise, nous nous sommes
retrouvés pour la première fois en
présence de conclusions d’un
vétérinaire faisant autorité (le
professeur SAUTET) qui explicitait dans son rapport :
« l’usure est
artificielle », ce qui n’était
pas le cas dans les rapports de l’AFVT
se contentant de pointer les « manques de
substance ». Ce précédent
était pour nous une occasion à saisir et
l’action auprès du Tribunal de
Proximité s’est imposée comme
étant la plus opportune. André Viard devait visiblement
partager notre sentiment pour qualifier (après coup, certes)
ce dossier d’imperdable.
Il se trouve que nous avons
été déboutés pour des
raisons de forme, mais cette décision de justice
éclaire le dossier et contribue à faire avancer
la lutte contre l’afeitado. Il n’est
pas plus permis aujourd’hui qu’hier d’afeiter
et on pourra toujours décerner le
« moignon d’or » ou le
« pinceau d’argent » si
bon nous semble. Nous nous piquons même de croire que
l’ANDA
n’est pas pour rien dans l’évolution de
la perception de l’afeitado en France
où nous sommes passés successivement par les
états suivants :
-
« L’afeitado
est un fantasme, vous en voyez partout »
-
« On
analyse systématiquement en place ‘de
première’ et, miracle, plus de 30 % des cornes
sont touchées »
-
« L’article
263 du NCPC doit être respecté si on veut
poursuivre efficacement les fraudeurs »
Quant à
l’inclusion d’André Viard à notre
palmarès, il nous sera plus facile de lui faire ce plaisir
quand il choisira entre les plumes de corbeau et d’aigle
qu’il alterne avec schizophrénie.
Marc GÉRISE.
L’autre scandale est le
jeu très malsain auquel se livre André VIARD
depuis des années et pour lequel un Opus ne suffirait pas.
VIARD qui se pose en leader de l’afición
française et qui sera le grand mystificateur des
années à venir, soufflant le chaud et le froid au
gré de ses besoins tactiques, capable de
développer tout et son contraire et ainsi prouver
qu’il avait tout prédit et tout prévu
en une illumination géniale.
Quant aux règles de
procédure d’expertise, cela relève
exclusivement de l’UVTF.
Or l’UVTF
c’est
L’ANDA a perdu sur la
forme. Soit. Les faits sont inchangés sur le fond :
toros
reconnus afeités
lors d’une double expertise et élevage de PALHA
reprogrammé dans cette ville malgré le veto de
l’UVTF. Qui
sont les méchants ? Ceux qui afeitent ?
Ceux qui se taisent ? Les opportunistes ?
L’ ANDA ? L’ANDA bien
sûr !!! Chuchote la pensée malicieuse
à l’oreille paresseuse. Deux mondes taurins
aujourd’hui coexistent encore à peine,
ça pourrait ne pas durer.
Aficionados, je vous souhaite de
n’avoir pas à choisir entre VIARD et CASAS, mais
vous aurez les deux en plus de quelques autres.
Mario TISNÉ.
Vous savez, cela ressemble
à cette émission de
télé-réalité dans laquelle
des anonymes de la vie quotidienne vont se coller des frissons dans une
soi-disant aventure sur une île déserte
truffée de caméras. Ils subissent des
épreuves de cour d’école et doivent
surtout, c’est le principe fondamental, éliminer
les plus faibles d’entre eux ou les plus gênants,
c’est selon. Les idéaux de solidarité
et d’entraide y sont sans cesse mis en exergue par un
présentateur au charisme de moule anémique mais
au final, c’est l’individualisme le plus bas qui
s’affiche sous les cocotiers.
On a beau être au loin du
monde moderne, il nous rattrape partout malgré tout. En
février, au jour d’une novillada anodine de PALLA
dans un petit village des Landes, il fallait faire preuve
d’unité face à la menace de ceux qui ne
nous aiment pas, il fallait se serrer les coudes et faire corps face
à ce visage anonyme et indéfini de la cause
anti-taurine. Tout le monde était convié et tout
le monde devait signer cet appel « universel » de
la défense de nos « traditions ». Et
tout le monde (ou presque) a suivi, a signé, a soutenu.
« On ne pouvait pas faire autrement », disaient
certains.
C’était le
début du jeu, les équipes se formaient et
étaient obligées de s’entraider si
elles voulaient vaincre leur adversaire dans les épreuves de
cour d’école. Pour manger des vers de terre ou des
araignées poilues, il faut être solidaires ! Les
mois ont passé, l’appel a eu moins
d’écho et chacun s’est
installé à sa manière sur cette
île déserte. Face au meneur de
l’équipe, celui qui avait
prôné l’unité et le
rassemblement face à l’adversité, des
voix se sont levées, discrètement en pointant du
doigt certaines manies comme celle de tirer la couverture à
soi et de « s’y entendre pour faire parler de lui
». Vous l’imaginez, ça n’a pas
plu au meneur de l’équipe. Loin de là
même ! La vengeance, petite et fort mesquine, ne
s’est pas faite attendre.
Loin des idéaux
affichés dans la profession de foi de l’appel de
février, le meneur de l’équipe
s’en est pris à certains qui avaient eu le tort de
perdre un procès face à l’organisateur
de spectacles de la première ville taurine du Cosmos.
Balaise la mauvaise foi ! Maintenant que chacun joue pour gagner sur ce
bout de sable, le meneur de l’équipe n’a
pas hésité, au cours de la séance
d’élimination au coin du feu, à voter
pour l’élimination de certains qui
l’avaient soutenu quelque temps auparavant. C’et le
jeu, me direz-vous.
En ce qui concerne le
procès précédemment cité,
n’étant pas un spécialiste des
labyrinthes juridiques, je me garderais de donner un avis
même si l’impression qui ressort de cette affaire
est qu’un organisateur de spectacles taurins et un
éleveur ne s’en sortent pas trop mal, voire
même très bien. Quand on pense que ce
même éleveur a nié être le ganadero d’un toro
très suspect lidié
à Aire en 2005 lors d’une conférence
sur l’éthique taurine à
Madrid…Edifiant !
Ils ont perdu leur procès
et certains semblent s’en réjouir et
s’ingénient à mettre de
l’huile sur le feu par rancœur personnelle. La
perte de ce procès devrait plutôt
inquiéter une afición qui ne
peut pas ou plus se défendre face aux abus de l’afeitado.
Qu’y a-t-il à reprocher à quatre
membres de l’équipe qui ont tenté de
confondre des pratiques frauduleuses qui vont à
l’encontre des aficionados d’une
part et qui, surtout, mettent en péril
l’intégrité du toro brave ? Je me pose
franchement la question.
Au-delà des
résultats décevants de ce procès, il
est une question que je ne me pose plus, c’est celle de
l’unité de la soi-disant afición. Elle
n’existe pas et n’existera certainement jamais,
malgré les conjoncturels appels à une union
derrière un meneur qui n’accepte pas la remise en
cause de ses opinions. Appeler à s’unir en
février et dézinguer à tout va en
juillet, en réglant des comptes d’amour propre,
ça ressemble définitivement à ce jeu
télévisé dans lequel la
solidarité s’arrête au
moment de partager la couleuvre à manger…
Laurent LARRIEU.
R comme
« RAYAS »
Les deux raies concentriques
dessinées sur le sable de l’arène sont
destinées à réglementer la position du
picador, de façon à laisser toutes ses chances au
taureau.
Le principe de tracer une raie
parallèle à la barrière a
été mis en pratique pour la première
fois le 11 Octobre 1908 en
A l’époque
où une seule ligne existait, l’esprit
était d’obliger le picador à se
positionner au contact de cette ligne et à se
décoller ainsi de la barrière, afin
qu’il ne puisse y prendre appui.
Le règlement taurin
prévoit que la première raie soit
tracée à
Ces lignes concentriques, certes
esthétiques, ont quelque chose d’illogique, en ce
sens que toute la circonférence du ruedo ne sera pas
utilisée puisque, pour que sa bravoure puisse être
appréciée, le taureau doit être
piqué à distance du toril, loin de sa querencia
naturelle. Le tracé de la corrida-concours
(3 lignes parallèles dessinées à
l’opposé du toril, de façon
à placer le taureau de plus en plus loin du cheval, pique
après pique) est plus satisfaisant, et on peut se demander
pourquoi un tel tracé n’est pas adopté
pour toutes les corridas. Ce serait un moyen de revaloriser le premier tercio,
mais n’est-ce pas utopique au moment où la mono-pique entre inexorablement
dans les mœurs ?
Le « néo-public »,
semi averti, prend un malin plaisir à siffler le picador
dès que le sabot de sa monture mord tant soit peu sur la
ligne. Il ferait mieux de s’insurger contre les
dérives maffieuses qui gangrènent beaucoup plus
gravement la suerte de varas :piques
traseras,
dans l’épaule, dans les côtes,
vrillées, replacées pendant que le taureau
s’épuise contre le peto, cariocas
et j’en passe…
Rappelons au bon peuple que les sacro-saintes raies peuvent être franchies, dès lors qu’il faut aller chercher un manso perdido qui refuse et fuit tout châtiment. La lidia particulière (et passionnante) des mansos débute dès cet instant. Une ou deux piques « volées » valent toujours mieux que les exceptionnelles « veuves », les banderilles noires.
…il
dévoile aussi les âmes. Et ouvre la boite de Pandorre.
La cogida d’ESPLA par
le premier VALVERDE fut impressionnante. Une inquiétude
justifiée a étreint les spectateurs,
d’autant plus que Luis Francisco fait partie ici, si ce
n’est des meubles, du moins de la famille, la plupart le
percevant comme un ami, un frère, ou un père pour
les plus jeunes. Mais les dérapages qui ont suivi sont-ils
compréhensibles et excusables ?
Blessure et sang froid (sans jeu de
mots malvenu) : La possibilité et
même la probabilité d’une blessure,
éventuellement gravissime, font partie de
l’essence de la corrida et sont - c’est rude de le
penser et encore plus difficile de l’écrire- la
justification de ce spectacle tant contesté. Sans avoir
à remonter toute l’histoire de
Faut-il pour autant interrompre une
course pendant près d’une heure ? En
attendant que le corps sanitaire se prononce sur la gravité
des blessures ? Est-il opportun de laisser planer
l’angoisse et provoquer quelques évanouissements
sur les gradins ? Etait-il bienvenu qu’un
« catéchiste »,
apparemment membre de l’ADAC,
vienne apostropher du callejón
un spectateur en barrera
manifestant sa juste impatience devant une telle
désorganisation, et se permettre de lui faire la
morale ?
Droit de grève :
Est-il
tolérable qu’après la blessure
d’un collègue ses compagnons de cartel plient
bagage (au sens propre du terme), et n’acceptent de reprendre
le combat qu’après un long bras de fer? Un bruit a
couru selon lequel SANCHEZ VARA était prêt
à tuer les cinq toros restants, mais sans
doute aurait-il eu par la suite des ennuis avec le mundillo.
Dès lors pourquoi
prévoir un sobresaliente,
lors des mano a mano ou des
« seul contre six », si ce
n’est pour mener le spectacle à son terme en cas
de défaillance physique de l’espada
titulaire ? En Espagne un maestro
qui refuse de tuer son toro
n’est-il pas susceptible d’aller en
prison ? Cet incident cérétan
survient au moment où nos législateurs envisagent
d’introduire un service minimum dans les
transports ; nous pourrions leur suggérer
d’étendre l’obligation aux
activités tauromachiques !
Météo et mea culpa : Il soufflait ce jour-là.
Mais pas plus que la veille pour les CHARRO de LLEN, pas moins
difficiles que les VALVERDE, et guère plus que le matin
même où personne ne s’est
offusqué de voir trois jeunes novilleros
devant des ZABALLOS au trapío
imposant et vifs comme des chats. Souviens-toi (Barbara), il pleuvait
sur Vic pour
L’annonce contrite des
organisateurs cérétans
d’avoir programmé des VALVERDE un jour de vent
avait un côté burlesque :
n’aurons-nous droit désormais
qu’à des dérivés de DOMECQ
aseptisés dans la calmasse ? Les
alésiens de la grande époque, celle des VALVERDE
précisément, avaient
moins de scrupules. Et puis le « Cyclone de
Jerez », avec un tel apodo, devrait
être habitué au vent !
La seule oreille de la feria : Elle a été
coupée justement par le Cyclone. Mais sur un toro
à la corne droite fracturée et branlante
à la suite d’une ébauche de vuelta de campana. Bien sûr, il
n’est pas exigible de remplacer l’animal
après un tel incident de lidia, mais tout de
même… Faut-il que le public de Céret
soit devenu « gentil ». Je
n’ai pas noté si l’appendice a
été symboliquement tranché du
côté de la seule corne valide !
C’est ce même public qui ovationna la veille un
picador pour avoir
« châtier » un CHARRO
de LLEN par trois piqûres intradermiques, mais qui par contre
a omis de faire saluer le majoral des excellents ZABALLOS.
Amis de l’ADAC, attention. Ne recrutez pas
trop sur les plages. Le Ventous
n’est pas loin de
Robert RÉGAL.
Du 7 au 14 Pampelune permet de vivre
à l’envers un désordre logique qui
correspond à des rythmes incohérents, mais on finit par se caler
dans ce pittoresque inconfort.
Vous cherchez San Fermin ? Vous le
trouverez dans
l’Eglise San Lorenzo. Vous cherchez un menu du jour
à 15 euros ? Prenez la direction du 8ème
étage du Corte Inglès.
Après les churros de
neuf heures et l’almuerzo de dix heures, ne
manquez pas la digestion devant les vierges polychromes de la
cathédrale et les pleureuses du tombeau de Carlos III et son épouse.
Indisposé par
l’odeur aigre et persistante de vomi et de pipi, il est alors
possible de s’intégrer à la
traditionnelle procession des camions laveurs et de faire le passe-rue en suivant
l’odeur du désinfectant dont on douche les
trottoirs.
Sachez qu’il existe des
quartiers peu fréquentés qui participent
à la fête et où l’on peut,
à condition d’aimer la marche, déjeuner
ou dîner ou goûter ou souper en dehors du bordel de
rigueur, tout en parlant sans crier avec des gens charmants et ce
à des prix compréhensifs. Posez-vous. Faites
alors tranquillou le
tour des bleus, ecchymoses, croûtes et autres plaies
purulentes que vous a laissés l’encierro
qui, pour vous, a duré 4m50.
A cette heure-là en
général vous êtes en quête de
toilettes convenables et reposantes où vous pourrez
satisfaire de légitimes exigences sans tartiner au sol le
bout de votre ceinture rouge qui en a vu d’autres. Avec de
l’expérience, un tel endroit se trouve et vous en
profiterez pour jeter un coup d’œil dans la glace
pour vérifier que vous avez pris dix ans en une nuit. Assis
sur la cuvette, il faut se laisser aller à la
rêverie, en tenant compte toutefois du grand universitaire
blond en short qui hurle en goth de l’autre
côté de la porte qu’il vous faut vous
hâter.
Le charme de ce voyage veut
qu’il faille à un moment où un autre
discutailler avec les revendeurs
d’ « entradas
muy buenas »
en évitant de se friter
avec le peuple gitan et le quart monde. Comme vous parlez mal manouche,
vous avez acheté un tendido soleil.
Il est midi et je pose la
question : apartado o no ? Nul ne peut
décider pour vous de cette intime question. Mais si vous
êtes aficionado
viscéral, si vous aimez glander une heure au soleil dans le
brouhaha en boulottant un bocadillo
de chistorras
chaudes et grasses et un verre de fino qui vont vous vriller
le système nerveux central ….allez-y, faites-le.
Le déjeuner :
des callos
(tripes à la mode de Caen) avec des patates, c’est
rafraîchissant et roboratif, le dessert :
« hay flan, cuajada,
arroz con leche, nata,
helados y frutas »,
et ce pour des siècles et des siècles. Aux
arènes il y aura « hay
cerveza, coca cola,
fanta lemon »,
et ce depuis la nuit des temps et des temps.
Pour la digestion de
l’après midi (donc la troisième) et
pour éviter de rester lucide et
éveillé, ils ont inventé une
émulsion, le « sorbete
al cava » qui finira de vous
anesthésier le système nerveux
périphérique jusqu’à
l’heure de la course.
Comme chacun sait, l’heure
d’une
nécessaire collation intervient au quatrième toro.
Vous êtes crucifié au soleil depuis deux heures
entre deux grosses caisses et cinq fanfares, et c’est le
moment de faire une pause gastronomique avec une omelette à
la pipérade et au jambon, un flacon de Rosé
à peine décongelé mais acide comme il
faut et des mantecados
à la graisse de porc parfumés à la
cannelle, qui provoquera dans votre intestin un dysfonctionnement
très connu. Vous attaquez très soudainement votre
quatrième digestion qui correspond à la
cinquième dimension dans la vraie vie.
Supposons que dans un moment
d’inspiration vous ayez accepté de fumer un cigare
alors que vous n’êtes pas fumeur….la
course est terminée pour vous. Essayez de perdre
connaissance sans vous pisser dessus car seules les Forces
Spéciales peuvent vous extraire du sixième rang
d’un tendido
soleil un 7 juillet.
Si l’instinct de survie ne
vous a pas conduit à votre véhicule ou
à votre pension de famille, vous allez être
réveillé par les employés de la ville
qui passent le nettoyeur haute pression dans les gradins et vous ne
pèserez pas plus lourd qu’un gobelet vide et on
récupèrera votre corps à la station
d’épuration avec le reste.
Mais 25 années de
dévotion à San Fermin
ont endurci votre corps, et votre mental est à la hauteur de
l’évènement. Il faut retrouver vos
copains camarguais qui se sont perdus à la sortie des
arènes mais que vous finirez par retrouver dans trois jours
à la fourrière en train de se passer de
Dés que les
peñas vous
ont relâché, vers 22h30, il vous faut
choisir :
-
le
feu d’artifice à
-
l’encierrillo :
c’est l’art de rester caché sur les
remparts sans tomber pendant une heure et demie pour
entr’apercevoir six toros et des bœufs
poursuivis par des gens qui franchissent un rivière pour
aller dormir dans un petit pré fermé.
Il est l’heure
d’aller dîner ou souper, c’est selon. En
fait là- bas on soupe avant le lever du jour avec un
« caldico »
qui est comme un potage qui arrache la peau du palais.
Vous aimiez le cochonillo ?
Prochain
épisode : de l’encierrillo à
l’encierro.
El UBANO.
Le bilan de la première
partie de temporada
n’est pas particulièrement brillant : les
ferias d’Arles,
Nîmes, Vic, Madrid…ont été
très mauvaises, malgré le triomphalisme de
certains (qui se reconnaîtront). Faiblesse, cornes douteuses,
absence de caste, noblesse confinant à la
stupidité, telles sont les caractéristiques
actuelles de ce qu’une époque révolue
avait baptisé « toro de
combat ».
En cette période
d’égalitarisme galopant, de progrès
fébriles de la vulgarité, comment
s’étonner de l’agonie de la
corrida ? Combien de temps encore le cadavre de la tauromachie
se décomposera-t-il dans les arènes ?
L’auteur de ces lignes exècre la vulgarisation de
tous les sujets qui amène les gens à croire
qu’ils peuvent comprendre ce qu’ils ne peuvent pas
comprendre. Les cerveaux moutonniers jubilent et s’extasient
au triste spectacle que leur offre le mundillo. Le philosophe
espagnol Ortega y Gasset
écrivait : « la
caractéristique de l’époque
c’est que l’homme vulgaire, tout en se
sachant vulgaire, ose affirmer le droit à la
vulgarité et l’impose partout. »
La corrida relève de la
culture, la culture étant l’art du
jugement intellectuel et artistique, précisément
entre le meilleur et le moins bon. Cette disparition de la
faculté de jugement conduit les publics à se
régaler de tout et à admirer n’importe
qui. « C’est n’admirer rien
qu’admirer tout le monde », disait Baltasar Gracian.
Plus de lidia, plus de piques
(certains ratiocinent sur le thème de la disparition du tercio
de piques en traitant l’ANDA
de vi(and)ard à cause de notre
passion pour le premier tiers ) et une prolifération
cancéreuse de passes inutiles. Tel est le spectacle
proposé. Pour paraphraser l’écrivain
Joseph Roth, quand on commence à organiser avec des toros
sans valeur des corridas qui donnent l’illusion
d’en avoir une, où va-t-on ?
Qu’y a-t-il de plus beau
qu’un fier toro
condamné à mort qui, dans
l’arène, cherche de ses cornes
« ce fruit captif qui se promet sans cesse, si
proche, et tout proche se dérobe…avant de mourir
de bonheur…et de témoigner, en mourant, du
dédain de vivre encore, qui est le goût de la
perfection » (Nicolas Grimaldi) ? Ainsi la
corrida a un sens, même si cela peut faire hurler tous les
sectateurs de Notre Dame de
Gilbert
GUYONNET.
P.S. : je recommande la lecture de « Philosophie de la corrida » de Francis Wolff (éditions Fayard)