Compte-Rendu
et Conséquences, UVTF Béziers 2005
UVTF
: LA TOUR D’IVOIRE
Comme chaque année, quand vient le moment d’aller se faire
entendre auprès du bureau de l’UVTF à l’occasion de son
AG, nous nous demandons «à quoi bon ?». Et comme
chaque année, nous trouvons toujours deux ou trois volontaires
prêts à sacrifier une journée ou un WE pour faire
«comme si».
Comme si la parole que l’on veut bien nous donner serait un jour
entendue, à défaut d’être écoutée.
Comme si, entre deux repas trop riches, les élus qui se
veulent « autorité taurine » allaient prendre
en compte les états d’âmes des aficionados. Et chaque
année, la Fédération des Sociétés
Taurines de France, l’Union des Clubs Taurin Paul Ricard et l’ANDA se
retrouvent dans les mêmes couloirs de Mairie ou de Palais des
Congrès, à attendre la sempiternelle heure de retard,
à laisser passer les subalternes espagnols qui ont un avion
à prendre, pour mieux prendre langue avec quelques
éleveurs ou vétérinaires venus, eux aussi, faire
«comme si».
Cette fois c’était à Béziers, et les couloirs
bruissaient de bruits et d’éclats. La pitoyable affaire Palha
donnait encore du fil à retordre, alors que la contre-expertise
accablante du Professeur Sautet ne laissait aucun doute, et que le
sursis qui avait permis à João Folque d’être le
plus gros pourvoyeur de toros de la temporada française allait
forcément prendre fin. Et pourtant, au moment d’appliquer les
règles d’une discipline librement consentie, règles qui
n’avait pas eu trop à souffrir des embargos
précédents sur les élevages de Buenavista,
Victoriano del Rio ou Cebada Gago, il se trouvait encore des avocats du
diable, prêts à gober une couleuvre de plus. Nîmes
allait s’abstenir et Bayonne dont le Maire, Jean Grenet prenant
pourtant la Présidence de l’UVTF pour les deux prochaines
années voterait contre ! (Nota : il changera d’avis le
lendemain, un président pouvant difficilement aller contre 90%
de ses membres). Heureusement, les autres villes emportaient largement
le morceau et le feuilleton de l’année conclu, nous allions donc
être reçu sereinement et pouvoir parler d’autre choses.
L’UCTPR communiquât ses 6 motions (lutte contre l’afeitado,
maintien du règlement français face à la menace
venue d’Andalousie, la langue bleue, la culture etc…). La
Fédération poursuivit en insistant notamment sur le
défense de notre culture face aux antis et les tarifs
préférentiels pour la jeunesse. Enfin, nous
terminâmes en digressant autour du document
remis, en demandant donc la suppression de l’interdiction des
banderoles et en annonçant une action commune avec la FSTF
contre le règlement andalou. Une modification du
règlement français sur le nombre minimum de piques pour
qu’un toro mérite une vuelta ou un indulto nous semble toujours
un signe fort pour maintenir la valeur du tercio de piques et nous
présentions donc pour la n-ième fois une modification des
articles 83 et 84 du règlement UVTF.
Le président Couderc, qui avoua n’avoir pas connaissance du
règlement andalou (sic !) ouvrit le bal des réactions
avec diplomatie, laissant au bureau et au futur Président le
soin de réfléchir aux propositions des aficionados. Par
contre, aucun changement du règlement ne sera à l’ordre
du
jour.
« Il ne faut pas rajouter du
règlement au règlement »
« La corrida c’est d’abord la
fête »
« C’est au président de
la course d’interpréter le règlement pour les piques et
les trophées »
Vint ensuite une divertissante éructation de Mr Cazade,
niant toute opération de flicage à Mont-de-Marsan :
«La police était là pour maintenir l’ordre public
en évitant le tabassage d’une partie des gradins».
Drôle de méthode tout de même : faire taire le
public militant ‘pour son bien’ au lieu de neutraliser les
éventuels ‘tabasseurs’, nous n’avons vraiment pas la même
notion du flicage…
Jean Grenet, qui n’a pas apprécié que nous soulignions
l’indulto bayonnais (qu’il croyait, à tort, avoir eu lieu lors
d’une novillada piquée…) nous sanctionna d’un définitif :
«Tout ce qui est excessif est ridicule». Comme nous
pensons que c’est l’indulto en ‘sans picadors’ qui est excessif,
peut-être nous rejoignions nous après tout ? Il poursuivit
ensuite en exposant sa marque de fabrique :
« Vous êtes dans votre
bulle »
« Restons discret, ne faisons
pas de vagues »
« Pas de réponses aux
antis »
Ce sont donc les aficionados qui vivent dans une bulle, qui n’auraient
pas conscience des réalités et des contraintes propres
aux organisateurs.
Passez un peu au guichet Messieurs, venez dans les tendidos, sortez de
votre tour d’ivoire et vous verrez que les propositions des aficionados
sont en prise directe avec la réalité taurine. Vous avez
les moyens, les associations taurines vous donnent leurs idées,
«rendons la corrida plus belle et plus facile à
défendre par ses amoureux».
Marc
GÉRISE.
UVTF
: LA TOUR INFERNALE
Voilà ! Quelques jours ont passé, la tour d’ivoire a pris
feu et Nîmes a
été mise en congé de l’UVTF après l’annonce
de la programmation de Palha en 2006.
Personne ne sait comment fera l’Union des Villes Taurines pour se
passer de la première (en nombres de courses et de spectateurs)
d’entre elles. Sa force, relative, résidait dans la discipline
librement consentie qui réunissait ses membres. A partir du
moment où le membre fondateur (qui hébergeait et
salariait le secrétariat de l’association) fait bande à
part, son autorité et son contre-poids face aux toreros,
subalternes, éleveurs se réduisent jusqu’à
peut-être disparaître.
Il est à craindre que les aficionados aient perdu un
interlocuteur et qu’il faudra sans doute argumenter, peser et se battre
ville par ville. Qui vivra verra.
A contrario, on sait comment Nîmes va se passer de l’UVTF. C’est
Jean-Paul Fournier qui a ouvert le bal avec panache en demandant
à Simon Casas de programmer des Palha, alors que la
délégation de service public des arènes de
Nîmes est en cours d’adjudication, et qu’officiellement le Casas
en question n’est pas encore l’organisateur de 2006. Mais à quoi
bon respecter les démarches administratives puisque le
marché taurin nîmois est verrouillé depuis belle
lurette. Il a prétendu que dans la conjoncture actuelle,
Nîmes ne pouvait pas se passer des toros de Palha. Rappelons que
la conjecture c’est une féria de moins à organiser, faute
de bulle et la programmation systématique des portugais le
dimanche après-midi, jour traditionnel où n’importe
quelle affiche ferait 2/3 d’entrée. Rappelons aussi à JPF
que Arles remplit son amphithéâtre avec des Yonnet. Et que
son prestataire se proposait il y a peu de gérer la plus
importante plaza de toros du monde, comment quelqu’un de si
compétent et ambitieux pourrait-il dépendre d’un seul lot
de Palha ?
C’est Simon Casas qui poursuit en proposant que les toreros
confirmassent leur alternative dans le cirque nîmois. Il en avait
l’idée depuis longtemps mais se retenait par camaraderie avec
les autres villes. Une fois exclu de l’UVTF, pourquoi se brimer ?
Proposons même à Simon d’aller plus loin : faire sortir
les toros des corridas-concours dans l’ordre de leur ancienneté
à Nîmes. Si d’aventure ça pouvait lui en faire
organiser une…
C’est enfin la CTEM et son avale-couleuvre-en-chef Christian Chalvet
qui nous achève :
«Les clubs taurins et plus
largement les membres de la CTEM de Nîmes entendent vivement
soutenir la courageuse décision de Mr Jean-Paul Fournier, maire
de Nîmes, aficionado averti, de ne pas suivre la recommandation
de l'UVTF qui consistait, en 2006, à ne pas engager dans les
arènes françaises les toros de l'élevage portugais
de Palha. Ils soutiennent d'autant plus vivement ce geste fort de
politique taurine, qu'il est le fruit d'un long débat en CTEM
où chacun a pu largement s'exprimer et où, au final, la
position de la CTEM a été entendue puis
écoutée. Fidèle à l'idée de
clarté dans les actes de la vie taurine en général
et dans les actions menées par l'UVTF en particulier, les
membres de la CTEM se réjouissent du fait que par cette
décision prise, au plus haut niveau de l'exécutif local
(ouvertement cautionné par la nouvelle présidence de
l'UVTF), sur l'affaire des toros de Palha de 2004, les choses soient
recadrées sur le strict plan du toro et dépasse les
dérapages et autres querelles sur la personne de
l'éleveur des toros de Palha. Dans ses débats, la CTEM a
toujours soutenu avec vigeur les campagnes de
prélèvements de cornes de l'UVTF dans les arènes
de première catégorie et s'est toujours obligée
à jouer pleinement le jeu de ces campagnes. Ceci depuis le
début et sans faillir. Elle continuera à le faire avec la
même passion et la même force. Elle fera aussi, et
rapidement, des propositions concrètes à Mr le Maire de
Nîmes pour que le protocole de saisie, qui a le mérite
d'exister, mais qui est jeune et perfectible, puisse être
amélioré d'un point de vue technique et juridique»
On savait déjà qu’il n’y a rien de plus
triste que le
loup qui va manger à la gamelle du chien, on vient
d’apprendre
que la langue de bois est fournie avec la gamelle. Le protocole
«jeune et perfectible » n’a pas gêné
Nîmes
quand il s’agissait de se priver de Cebada Gago, Adolfo Martin et
Buenavista.
Bon, pour le «depuis le début et sans faillir»,
ils ont tout de même programmé quelques Victoriano del Rio
mais c’est la faute au calendrier qui ne leur avait pas laisser le
temps de trouver autre chose. C’est pas comme s’il y avait des
élevages à disposition aux portes de la ville… On
rajoutera que trois lots n’ont pas été saisis en 2005
pour cause de non homogénéité (!?), Guttierez
Lorenzo,
Daniel Ruiz et Sanchez Arjona, et que les vétérinaires se
sont plaint des conditions de prélèvements et de visite
des corrales de Nîmes. Sans faillir ?
Nous attendons avec impatience le protocole de saisie imaginé
par la CTEM, il sera peut-être plus efficace que l’actuel qui
laisse sortir 35% de toros touchés en place de première)
et ne punit que les éleveurs tellement sur de
leur pouvoir qu’il ne font même pas semblant de faire un effort.
A défaut d’UVTF, nous pourrons aller à Nîmes avec
en tête les paroles de Jacques Brel :
« Ah !
Qui nous dira à quoi ça
rêve
Un toro dont l’œil se lève
Et qui découvre les cornes des
cocus.. »
Marc
GÉRISE.