L'Ennui Madeleine 2007 Billets de La Provence Grenelle

S comme Suerte Abregeons!

 

ÉDITORIAL

L’ENNUI

« Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat » Ch. Baudelaire.

La réflexion qui semble s’engager à Mont de Marsan, dans certains secteurs de l’aficion, au sujet d’un double abonnement toriste/toreriste pour les prochaines fêtes de la Madeleine est révélateur de la difficulté pour les empresas de proposer au public une feria qui soit rentable économiquement et éthiquement acceptable.

Economiquement, on devrait pouvoir remplir les arènes jusqu’au drapeaux pour peu que l’on compose avec les super-vedettes sur le choix et la présentation des toros, des chefs de lidia, des compagnons de cartel. LLeno assuré et récompensé par une pluie d’oreilles qui transforment ces après-midi de postin en tardes p’a el recuerdo dans lesquelles le moindre toro tenant sur ses pattes et désespérant de candeur est honoré d’une vuelta, le toro invalide « inventé » par un poignet d’une insupportable douceur. L’on sort de là certain d’avoir participé à l’histoire en train de se faire, l’âme repue d’esthétisme souvent bon marché, la conscience pourtant (pour certains) vaguement troublée de n’avoir vu qu’un tiers du spectacle proposé.

Une fois les caisses bien remplie, l’organisation se penchera sur ce qui fait le sérieux d’une place c'est-à-dire la confection de carteles dans lesquels le toro aura (devra avoir) une place plus importante. Toreros de second plan vont alors côtoyer des toros de respect. Le public,  moins nombreux et plus exigeant viendra voir un premier tiers respecté par les professionnels, une lidia adaptée au comportement du toro, des estocades « en toda ley etc … enfin tout ce qui rend la tauromachie crédible et défendable.

Las ! Autant le public toreriste a souvent  des raisons de quitter les arènes ravi, autant les toristes froissent très souvent leur billet au sortir de tardes où « principal acteur de la feria » n’a pas du tout tenu ses promesses. L’estampe sortie du toril verra son ambition rapidement brisée au mieux sous la première pique, et c’est, distrait et parado, ne consentant à bouger au prix de multiples sollicitations, qu’il achèvera sa vie publique sous les exhortations impuissantes des toreros et  les soupirs des aficionados.

Car il faut le dire, on s’ENNUIE grave par les temps qui courent (et la langue bleue n’est pas la seule responsable) avec les élevages de respect. Sur les doigts d’une main se comptent les élevages des trois pays voisins  capables se susciter enthousiasme (élevages livrant des toros limpios s’entend) ! La meilleure volonté d’un torero (et ils en ont la plupart !) ne peut rien face à un toro figé, face à un toro sans caste.

Ce qui fait briller les yeux des aficionados a los toros ce sont des toros à charge répétitive dont la caste vive les poussent à charger le cheval sans coup de tête, à s’engouffrer dans la muleta, à poursuivre les banderilleros, à mourir au centre du ruedo. Une tauromachie qui n’est pas certes de tout repos mais qui procure une émotion unique. Celle d’un art unique.

Faire venir aux arènes les jours de corrida toristes un public plus nombreux demande de choisir des élevages qui respectent bien sur l’intégrité physique du toro mais aussi qui donnent certaines garanties dans le comportement durant la lidia ! Ces bases jetées, l’improbable alchimie de l’art de Cùchares peut aboutir à des succès bien plus importants que les spectacles formatés pour triomphes garantis Dans ce monde bipolaire qu’est l’aficion a los toros, la voie moyenne est certainement la plus proche d’une tauromachie moderne, crédible et défendable.

Elle est la plus difficile à trouver pour les ganaderos qui doivent faire coexister caste vive, mobilité et noblesse. Elle est la plus exigeante pour les toreros qui ont à supporter (aguantar !) des charges répétitives.

Dans le débat qui agite l’aficion montoise et qui devrait agiter toute l’aficion, le problème n’est pas de remplir les caisses, on connaît la formule, mais bien de hisser la corrida de toros  à un niveau où le toro seul garantie l’intérêt que l’on porte à la course.

Michel MIALET.

 

LEXIQUE DE L’ANDA :

S comme « SUERTE »

Mot aux sens multiples.

En tauromachie, toute action, à toutes les phases du combat, est « suerte » : suerte de varas, suerte de banderilles, suerte suprême ou de matar… Le mot traduit aussi l’intention avant l’action (mise en suerte) et la façon de conduire l’action (entrer en suerte, charger la suerte, sortir de suerte). Il recouvre également la notion de localisation et de direction : toro s’arrêtant en suerte, suerte naturelle ou contraire en fonction des terrains…

Suerte reprend son sens général de « chance » ou de « sort », quand les toreros prononcent, à l’orée du paseíllo, la phrase rituelle : « Que Dios reparta suerte ! ».

Est-ce à dire que le Castillan est une langue pauvre au point de regrouper sous ce seul terme autant de significations qui nécessitent de nombreux mots français ?
Il est plus élégant de penser que les diverses facettes de ce mot ne font que recouvrir son sens profond : qu’aucun geste taurin n’est anodin, et que Dieu et ses Saints prennent la garde avec les chirurgiens des arènes, tout au long de la lidia.

LES BILLETS DE L’ANDA

A la demande de La Provence, nous avions fourni à la rédaction des billets de +/- 1500 caractères pour apporter un angle différent dans la présentation de la corrida du jour à l'occasion de la féria du Riz. L'intention était bonne, le choix rédactionnel final n'en a laissé passer qu'un seul au lieu des trois annoncés. Voici les quatre propositions:


Vous avez dit critères ?

Temporada après temporada, la tendance se confirme. Le triomphalisme et la distribution de trophées sans autre critère que le contexte festif ont pris le pas sur la pertinence dans la gradation des récompenses. A l'exception des bastions toristas ou c'est la (parfois trop) grande sévérité qui prévaut, le sensationnalisme s'est répandu et les présidences qui ont l'outrecuidance de refuser une deuxième oreille, censée lui appartenir, déclenchent broncas ou émeutes disproportionnées. Il semble que le public moderne des férias veuille absolument que son plaisir soit validé par un nombre d'appendices qui servira d'attestation à l'apéritif.

Le plaisir et le souvenir n'ont que faire de comptabilité. Un contre-exemple parmi d'autres: le grand César Rincon n’a coupé qu’une oreille à l’immense Bastonito (à Madrid), qui s’est contenté d’une vuelta. Ces deux là ont pourtant marqué l’histoire. Quelques vœux pieux en guise de conseil :

-            Toujours juger en fonction du toro (une faena d'infirmier alluré ne peut valoir plus qu'une lidia rude mais complète)

-            Un toro très noble mais transparent à la pique ne peut prétendre à la vuelta et l’exceptionnel d’un indulto ne peut se justifier que par 3 ou 4 grandes piques

-            La façon de porter l'estocade (court et droit) est plus importante que sa rapidité d'action

-            Seul le mouchoir exprime clairement l’opinion: blanc pour les oreilles, bleu pour la vuelta , orange pour l’indulto et vert pour le changement de toro

-            La deuxième oreille appartient au Président

-            Les saluts, ovations et vueltas sont des intermédiaires pour graduer la récompense

Bonne tarde de toros, avec ou sans pluie d’oreilles.

Marc GÉRISE.


Le tercio de pique(s):

Le picador entre en piste et ne se place pas face au toril. L’alguazil ne dit rien. Un aficionado crie «  piquero a tu sitio ». Le cavalier se positionne au bon endroit. Le castañero site le toro de profil, la vara est placée dans le dos.

-            L’animal pousse, le cavalier lui ferme la sortie, appuie la pique, la vrille puis pompe. Le maestro fait mine d’ordonner (le piquero est à ses ordres) de stopper mais le picador n’entend pas. Finalement, il arrête. Le toro sort du peto, fléchit : la pique (qui en vaut trois ou quatre) a fait des lésions dans son dos ! Le piquero sort sous les huées du public.

-            L’animal s’emploie peu, le picador lève la pique puis l’enlève. Le maestro demande le changement de tercio. La piquero sort sous les applaudissements alors qu’il n’a pas piqué !

Deux exemples de monopiques ordinaires sans émotion, juste un gain de temps pour passer le plus vite possible à la muleta.

 

Le piquero entre en piste et se place face au toril. Le cheval fait front au toro. La pique est placée dans le murillo, le cornu pousse collé au peto. Le quite est rapide. L’animal replacé un peu plus loin, s’élance avec allant pour la deuxième pique. La puya correctement placée et non exagérée permet à l’animal de se grandir sous le fer. Le toro tarde à sortir au quite. Placé au centre, il partira une troisième fois avec allégresse. La poussée est énorme. Aucune carioca, vrille, ou autre pompage, le picador a permis au toro de montrer toute sa grandeur. Le public, debout, ovationne la sortie du cavalier ! Grand moment d’émotion…ou quand le toro reprend la place qui est la sienne…

Olivier BARBIER.

 

Géométrie de la bravoure

Cette qualité spécifique du taureau de combat se juge lors du tercio de piques, seul moment où s’établit un contact direct, sans leurre, et où le taureau, certes châtié, a en revanche « quelque chose à se mettre sous la corne ».

Dès 1908 est apparue l’idée de structurer l’espace, en matérialisant le terrain dévolu au picador par une raie tracée parallèlement à la barrière. En 1959 a été adjointe une deuxième ligne plus interne, en dedans de laquelle doit être placé le taureau au moment de la pique. Il dispose ainsi d’une distance de 2 mètres pour prendre son élan et, sous sa poussée, le groupe équestre aura à reculer de 7 mètres avant de trouver l’appui protecteur de la talanquera.

En fait toute la circonférence de ces raies concentriques n’est pas utilisée, car, pour exprimer pleinement sa bravoure, le taureau doit être piqué à distance de la querencia naturelle du toril. Le tracé de la corrida-concours est mieux adapté : 3 lignes parallèles sont dessinées à l’opposé du toril, de façon à placer le taureau de plus en plus loin du cheval, pique après pique. Généraliser un tel tracé pour toutes les corridas pourrait être un moyen de revaloriser ces piques tant contestées et pourtant si nécessaires.

Utopie, hélas, au moment où le «service minimum» de la mono-pique entre inexorablement dans les habitudes.

Robert RÉGAL.

 


La corrida concours : une corrida comme une autre

Pour un aficionado Français la corrida concours d’Arles reste un moment clé de la temporada. Comme celle de Barcelone (pour la Merced) et Mont de Marsant dans les années 80, DAX dans les 90 et la Grande Messe de Jerez dans les 60-70. Arles et sa concours brillent depuis sa création en 2002.

Etrangement le public de cette course se sent investi d’une passion soudaine pour les toros, le premier tiers et les picadors. Le toro n’est plus un simple faire valoir pour torero donneur de passes sans profondeur ni engagement. Le toro est roi de la piste, il porte les couleurs de son élevage, son histoire, 5 années de soins intenses et 10 ans de sélection sur son dos.

Enfin les toreros mettent les toros en valeur. Ils les placent à la bonne distance face au cheval, de plus en plus loin à chaque pique (comme le stipule le règlement). Les toros expriment enfin leur force et leur bravoure. Les châtiments sont dosés, les picadors retrouvent leurs lustres d’antan ; celui ou leurs noms s’inscrivaient en haut de l’affiche au dessus des toreros. Les subalternes sont à l’unisson de leurs maestros. Les passes de cape sont données avec parcimonie et précision (comme le stipule le règlement). La préparation du toro (la lidia) pour le 3ème tiers retrouve ses droits (comme le stipule le règlement). La présidence redevient l’ultime décideur (comme le stipule le règlement) et plus un simple agitateur de mouchoir aux ordres des toreros.

Pourquoi la corrida concours respecte-t-elle scrupuleusement le règlement taurin ? Les «corridas» de tous les jours ne seraient-t-elles pas l’antithèse de la corrida ?

Laurent GINER.

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COMPTE RENDU DES FETES DE LA MADELEINE 2007

Cette année fut particulière pour les encartés montois qui ont participé à la commission taurine extra municipale, aussi le compte rendu sera différent avec une partie qui concernera l’adhérent andaïste du moun et une partie le membre de la commission, sans oublier bien sûr de rajouter les attentes pour la féria suivante.

 Compte rendu n°1

Maintenant on peut avoir des certitudes tant la différence a sauté aux yeux des montois cette année. Les corridas toristas ont permis de relever la tête par la qualité des toros proposés, même si au départ nous ne souhaitions pas la venue des Margé le lot proposé cette année avait une belle présentation et pour certains, au moins trois, une bonne dose de force qui a permis de donner du jeu dans le dernier tiers, je pense même que le second toro lidié par Encabo fut le meilleur de la féria.

Les toros d’Adélaïda Rodriguez avait été plébiscité par tous les membres de la commission et je crois que le lot, bien présenté, a donné du jeu et pris ses 12 piques réglementaires sans sourciller, montrant de la noblesse et permis à Fernando Cruz de faire des naturelles mains basses d’une grande pureté, chose que le madrilène a peu eu l’occasion de faire durant sa temporada. On peut malgré tout regretter une certaine faiblesse dans le dernier tiers, vu la qualité des frères passés à Bayonne, on peut se dire qu’en s’y prenant plus tôt, on aurait pu avoir un lot plus performant.

Quant aux Coquillas, la décision de faire venir ces « petits novillos », fortement encouragée par Benoît Piarrine de « l’escalier 6 » a été à la hauteur des espérances tant sur le comportement à la pique, car ils ont assumé eux aussi leur douze rencontres au cheval, voire un peu plus, que sur le comportement à la muleta en donnant beaucoup de fil à retordre aux 3 jeunes dont seul Pepe Moral a semblé en mesure de résister aux assauts des bêtes et d’avoir l’étoffe d’un futur toréro.

Les Meynadiers sont sortis bien présentés, certains diront trop bien, par rapport aux jeunes apprentis, avec en plus du mordant a la muleta permettant aux jeunes de montrer un certain savoir faire et de se mettre en confiance.

Je regrette une chose mais importante dans le premier tiers c’est la mauvaise volonté des toréros à mettre le toro en suerte aux piques, l’incompétence de nombreux peones incapables de placer le toro et de défendre le cheval, pensant d’avantage à se protéger. Sur les soixante douze rencontres j’ai dénombré à peine une vingtaine de véritables mises en suerte correctes.

 Les corridas toreristas sont très mal sorties avec une vilaine course de Vellosinos proposant des toros desiguales, sans force et sans race ne permettant pas de jeu, les toros de Valdefresno avec une présentation correcte n’ont pas été à la hauteur des espérances, manque de force évident, certains prenant 2 picotazos et n’arrivant pas à tenir malgré cela, même les Moïses Fraile ont eu peu de force ne permettant pas un combat honnête face à des toreros où seul le réserviste Juan Bautista voulait se donner la peine.

Pourquoi ce désastre sur les courses de vedettes en général ?

Les éleveurs veulent que leurs toros soient lidiées par les stars donc ils cherchent à rendre le bétail plus facile à combattre en faisant des « essais » d’origines différentes et à force de mélanger on perd le sang, la caste enfin tout.

Les toréros vedettes avec leur garde rapprochée, veedor, empresa, ne souhaitent pas toréer tel ou tel élevage par manque de garanties mais lesquelles ? Pas celles qui vont permettre un duel authentique, non celles qui vont permettre de s’en mettre pleins les poches sans prendre de risques démesurés, surtout dans les placitas de second rang où le public se pâme devant eux se souciant peu de celui qui est habillé de noir pourvu que l’on voit des passes et encore des passes. Alors vous pensez bien pauvres aficionados « a los toros » qu’une petite féria comme Mont de Marsan ne pèse pas lourd face aux paquets de contrats déjà signés.

N’oublions pas non plus que les gérants d’arène sont là pour rentabiliser et donc gagner de l’argent qu’ils soient Espagnols ou Français et donc laisse tomber l’AFICION pour l’appât du gain.

Le public est en train de se « déséduquer » perdant les valeurs fondamentales de la tauromachie, le respect du toro, le duel entre la bête et l’homme, la lidia et ses principes. Mais nous en reparlerons plus loin dans ce compte rendu….

 
Compte rendu n°2

Quand on défend le toro de combat et les principes de sa lidia, les aficionados que nous sommes peuvent être satisfaits des avancées faites dans les arènes du Plumaçon cette année.

1.        La cuadra de caballos de M. Alain Bonijol a fait l’unanimité pour la qualité des chevaux, le respect des monosabios et leurs compétences, la tenue en piste avec un quite magistral de Alain Bonijol pour défendre son cheval après la chute du picador durant la novillada piquée. Voilà un homme discret et sérieux qui connait bien son monde et qui est capable d’aider les organisateurs dans le dialogue avec les picadors.

2.        Le respect du règlement quant à la mise en suerte, 2 piques obligatoires pour tous les toros et tous les novillos. La distance entre les 2 lignes séparant le toro du cheval fut remise aux normes. Le prix au meilleur picador de la féria a permis de voir des hommes mettre en valeur le cheval et le toro mais aussi de réaliser des suerte de varas de qualité, même si on regrette que le nombre ne fût pas majoritaire. La mise en place d’une commission pique qui a dialogué avec les cavaliers avant chaque course et tous les matins pour présenter les changements opérés cette année sur le premier tercio, surprenant certains, rassurant d’autres. Cette commission a aussi préparé les petits mots de présentation au public sur les programmes journaliers distribués avant chaque course dans les arènes, demandé l’affichage des changements de toros au patio et  dans les arènes. N’oublions pas la présence systématique du président de la course au patio des caballos avant chaque paseo afin de bien présenter le règlement instauré  sur les piques et de montrer sa volonté de bien faire respecter le règlement.

3.        L’arrivée des peñas dans la commission taurine a permis de créer une véritable identité montoise, une concertation et une compréhension les uns envers les autres, car les attentes des uns ne sont pas forcément celles des autres sur la vision d’une corrida.

4.        La communication est très importante et permet de mieux apprécier les personnalités de chacun et la motivation à faire avancer les choses.

5.        Cette année je ne blâmerai pas Oscar Chopera sur les résultats de la Madeleine, car pour l’avoir vécu, il a écouté nos arguments et a accepté les décisions, nous laissant faire comme nous le souhaitions. Ce fut aussi le cas de la commission municipale et du président qui nous ont observés, laisser faire, orienter dans certains choix bien sûr comme l’absence de Rincon alors que de sources proches du maestro Colombien on espérait toujours un contrat au Plumaçon. Je serai plus enclin à blâmer le veedor de Chopera qui ne m’a pas semblé beaucoup à l’écoute, nous prenant parfois pour des ignorants et admettant mal que l’on puisse lui faire des remarques, surtout au moment de l’embarquement.

6.        Ce dont je suis aussi sûr c’est que la commission dans son ensemble doit assumer les résultats de la Madeleine 2007 et se remettre en question pour l’année prochaine..

 
Quelles attentes pour la Madeleine 2008 ?

Surtout ne rien changer concernant les dispositions prises envers les piques ainsi que les nouveautés sur les affichages et les publications, nous avons fait des choix pertinents qui seront peut être à l’origine d’une nouvelle identité montoise.

En parlant d’identité je crois que Mont de Marsan est à un tournant dans sa tauromachie, il me paraît intéressant de donner une image plus torista avec des courses sérieuses, sans avoir des noms mais des hommes qui voudront se donner à fond pour gagner un nouveau contrat et même se faire connaître du mundillo français. A Mont de Marsan le public aime bien voir une lutte entre la bête et l’homme, tout le monde se souvient de cette rencontre de Joselito avec le Cuadri, elle n’aurait pas du avoir lieu car les hommes de main ne voulait pas de cette course mais voilà il l’a fait et nous en sommes ravis. Les gradins réagissent dès qu’ils sentent que le toréro « se la joue » et il sera comblé de voir un Curro Diaz, un Padilla, un Cordobes se donner à fond devant un vrai toro .Bien sûr que nous devons conserver l’état d’esprit de la novillada comme une rencontre sérieuse et éduquer le public jeune en proposant plus de novilladas de promotion, moins longues mais nombreuses afin de ramener des jeunes au arènes, cela ne coûte pas cher et ça peut rapporter gros pour l’avenir de la corrida à Mont de Marsan.

Les toros bien sûr comment ne pas en parler, continuons à rechercher des élevages vrais pas pour vedettes, ceux qui ont encore envie de démontrer que l’on peut encore combattre des toros qui endurent la pique et qui conserve la race pour « permettre ».

Aurons nous l’audace d’imposer dès le mois de novembre le nom des élevages choisis et de dire aux toréros c’est ça ou rien.

D’autre part fait-on le bon choix ? En effet 5 corridas n’est-ce pas une de trop, surtout si l’on garde le cap 2 toristas et 3 toreristas ? Ne faudrait-il pas avancer des courses au samedi, dimanche matin et dimanche après-midi pour avoir plus de monde sur le week-end car les gens n’ont plus des portes-monnaies extensibles ? Pourquoi ne pas faire plus de novilladas de promotion en matinée pour amener plus de jeunes aux arènes ?

(…)

Pascal LAGUIAN.

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L’Environnement de Grenelle.

Eh bien nous l’avons, « notre » Grenelle de l’environnement ! Enfin, je ne sais pas pour ce qui vous concerne, mais moi, je n’avais rien demandé … et puis il faut expliquer cette expression à tous ceux pour qui les événements de mai 1968 se situent quelque part entre le Moyen-Âge et le règne mitterrandien. Toujours est-il que nous l’avons et que, en champions du monde des tirs groupés et des donneurs de leçons au monde entier, « nous » y avons mis au programme : le remplacement des énergies fossiles, l’émission des gaz à effet de serre, le niveau d’intensification de l’agriculture, les cultures OGM, la construction des autoroutes et des lignes de TGV (j’en oublie certainement) et, pour couronner l’édifice, la condition animale et sa cohorte traditionnelle : le gavage des palmipèdes, « l’exploitation » des animaux à fourrure, les expérimentations des laboratoires pharmaceutiques et cosmétiques et … bien sûr la tauromachie ; et au milieu de tout cela, comme si cela ne suffisait pas, est arrivé en grandes pompes l’ours des Pyrénées.

Que l’Etat prenne l’initiative d’organiser un grand débat de fond sur les questions cruciales pour notre avenir à tous que sont la raréfaction des ressources naturelles et le réchauffement  climatique, c’est normal et là, au moins, il est dans son rôle. Mais j’avoue avoir du mal à comprendre ce que viennent faire là dedans le sort des ours slovènes (même pas polaires !), ainsi que celui des taureaux et des coqs de combat, d’autant plus que ces différents « thèmes » sont mis au même niveau, sans aucune hiérarchisation, dans les gros titres de la presse ou des journaux télévisés.

Si vous le permettez, réglons rapidement le sort de l’ours : qu’on lui offre un cours d’Occitan à son arrivée de Slovénie, avant de la lâcher dans cette nature ô combien hostile que constitue la montagne pyrénéenne ; cela lui permettra de lire la signalisation routière et de ne pas se jeter sous une voiture, et n’en parlons plus.

En revanche, il est vrai que le cas de la tauromachie mérite toute l’attention d’une communauté de sommités, d’experts et de faiseurs de recommandations de tout poil. En effet :

·      elle concerne 50 à 60 communes de France (sur 36 000), et ce à raison de 3 à 10 jours par an ;

·      quand, dans une feria même modeste, il y a 10 000 à 20 000 personnes dans la ville et au minimum 3 000 dans les arènes, il se trouve un groupe important et représentatif d’au moins 10, parfois 20 militants « antis » pour cracher, au propre et au figuré, sur une partie des premiers ;

·      elle peut inciter, en particulier les plus jeunes, à adopter un comportement violent : il est bien connu que le nombre de bagarres et échauffourées à la sortie des arènes connaît une croissance exponentielle ; c’est pour cela que, dans sa sagesse, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a demandé aux chaînes régionales diffusant des émissions taurines d’apposer sur l’écran la mention « Déconseillé aux moins de 10 ans ».

Sur ce sujet des risques de dérèglements psychiques chez les jeunes, je ferai les deux remarques suivantes :

·      d’abord un lieu commun : en admettant que la tauromachie puisse être assimilée à une situation de violence, j’aimerais savoir quel pourcentage elle représente dans l’ensemble des cas de violence auxquels sont exposés aujourd’hui la plupart des enfants ;

·      ensuite, et sans parler seulement des situations violentes, je me demande quel sera l’effet à long terme sur le fonctionnement du cerveau de la succession effrénée d’images et de sons se rapportant à des thèmes ou des idées n’ayant aucun lien entre eux : je pense ente autres à la publicité télévisée, aux mini journaux condensés du genre « Vous saurez tout ce qu’il faut savoir en 5 minutes », au montage de nombreux films et à leurs bandes-annonces.

Alors, face à ceux qui s’attaquent à la corrida et exigent (radicalement) sa suppression, il me semble urgent, avant de céder à leurs ukases, d’essayer de savoir ce qui peut se passer dans la tête de cette fraction de l’humanité qui a la conviction intime que Dieu -ou l’instance supérieure que vous voudrez- les a mis sur terre pour améliorer contre vents et marées le sort de leurs « congénères » hommes ou animaux (et demain végétaux ?) dans le sens qu’ils ont eux-mêmes élu comme étant le bon et le seul.

Bernard DESVIGNES.

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ABREGEONS !

Alors que j’étais à me morfondre sur quelque gradin taurin du Sud de la France, il me vint une pensée dans l’azur du ciel. En regardant un novillero très satisfait de sa prestation en train d’essayer, sans y parvenir, de dominer un cornu, je revoyais le sketch de Sophie Daumier et de Guy Bedos, repris une fois par Miou Miou et Jack Lang.

« Elle est interminable cette série de slows », pense Sophie. « Elle est interminable cette série de passes », doit penser le toro.
Et moi, je suis la copine qui garde le sac et je me dis : « Conclus. Qu’on en finisse ! ». Mais non, c’est reparti de plus belle.
« Et vas-y que je te colle », pense le toro Sophie, alors que le torero Guy a entamé une série de passes jésulinesques qui réveille des spectateurs qui n’avaient pas encore engagé la conversation avec leurs voisins. Et maintenant, l’estocade, décide le torero Guy. Mais c’est long. Un avis sonne. Le toro s’effondre de lassitude.

Et le même scénario se répétera six fois.

Et le pire, c’est que cette tendance à faire long sévit dans tous les domaines. Des films ou pièces de théâtre durent plus de trois heures, les livres ont souvent plus de six cents pages. Un jour, j’ai entendu un éminent diplômé de sociopsychoprisedetêtologie (moi aussi, je sais faire long) expliquer cette tendance par le fait que l’on vit de plus en plus vieux. Ca promet.

A l’avenir, nous irons aux corridas avec le repas du soir et à la fin de la course, on allumera un feu de bois pour assister à la tertulia ou faire des grillades. Et pourtant les faenas qui sont restées dans ma mémoire étaient brèves. Je me souviens notamment d’une faena der Rincon au début des années 90 où il domina un toro vicois, qui était tout sauf un artiste, en une douzaine de passes. Mais y a-t-il aujourd’hui un lidiador capable d’en faire autant ?

Et le torero n’aligne-t-il pas des passes pour cacher ses limites, tout comme l’écrivain tente de faire oublier la pauvreté de ses idées derrière un verbiage prétentieux ? Et oui, jeunes gens, noircir du papier, ce n’est pas être écrivain, et faire des passes, ce n’est pas être torero.

PEPA.

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